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procéda à mon initiation en m’apprenant les phrases du noble langage « d’argot » qui pouvaient m’être utiles tout à l’heure. Ce que j’avais appris de ce jargon élégant à Cambridge m’avait déjà initié à quelques connaissances élémentaires qui me rendirent les enseignements de Jonson moins étranges et moins difficiles à comprendre. Dans cette leçon « douce et sainte, » les heures s’écoulèrent jusqu’à ce que le moment fût arrivé de faire ma toilette. M. Jonson me conduisit alors dans le sanctuaire de sa chambre à coucher. Je me heurtai contre une énorme malle. En entendant l’anathème involontaire que cet accident évoqua sur mes lèvres, Jonson me dit : « Ah, monsieur ! obligez-moi d’essayer de remuer cette malle. »

Je lui obéis, mais sans pouvoir la faire bouger d’un pouce ;

« Votre Honneur n’avait pas encore vu une boîte à bijoux aussi lourde, je pense, dit Jonson, avec un sourire.

— Une boîte à bijoux !

— Oui, répliqua Jonson, une boîte à bijoux, car elle est pleine de pierres précieuses ! Quand je m’en irai, porté sur les livres de ma bonne hôtesse pour une somme assez ronde, je lui recommanderai, en termes sérieux, de prendre le plus grand soin de ma boîte. Corbleu ! quel trésor ce serait pour Mac Adam ; il pourrait avec les cailloux qu’elle contient macadamiser toute une rue.

À ces mots, M. Jonson ouvrit une garde robe qui donnait dans la chambre, et en tira un habillement complet d’un noir de rouille.

— Là ! dit-il avec un air de satisfaction, là ! voici votre premier pas vers la chaire. »

Je retirai mes propres vêtements, et avec quelques soupirs bien naturels, sur la laideur de ma prochaine métamorphose, je me revêtis lentement des habillements ecclésiastiques qu’il me fallait endosser ; ils étaient beaucoup trop larges et un peu trop courts pour moi ; mais Jonson me tourna et retourna, comme si j’eusse été son fils aîné, mis en culotte pour la première fois, et déclara avec un serment emphatique, que tout cela m’allait à ravir.

Mon hôte ensuite ouvrit un grand nécessaire de toilette