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dans la bonne voie ; sir John rejeta cette offre avec hauteur et nous poursuivîmes notre chemin.

« Notre coup est manqué, dis-je, puisque le voilà avec une autre personne.

« Pas du tout, répliqua Thornton, j’ai donné à l’animal un traître coup de couteau qui ne va pas hâter sa course, et si je connais bien sir John Tyrrell, c’est un damoiseau, il n’aura pas la patience d’attendre son compagnon, et de s’exposer à l’averse qui va tomber.

« Mais, lui dis-je, car je commençais alors à me remettre de mon ivresse, la lune est levée, et, à moins que cette averse ne la cache, sir John nous reconnaîtra ; ce que nous avons de mieux à faire, c’est d’aller au plus vite nous coucher à la maison.

« Sur ce, Thornton me traita de poule mouillée et m’assura qu’effectivement les nuages cacheraient la lune, ou si non, ajouta-t-il, je sais un bon moyen de faire taire les bavards. À ces mots je fus grandement alarmé, et je lui déclarai que s’il méditait un meurtre et non plus simplement un vol, je ne voulais pas m’en mêler davantage. Thornton se mit à rire et me dit de ne pas faire le niais. Pendant ce débat, voilà une ondée terrible qui tombe ; nous galopons à la hâte vers un gros arbre sur le bord d’un étang. Je voulais rentrer chez moi, mais Thornton ne voulut pas me laisser aller, et comme je ne lui résistais jamais, je restai, quoique fort à contre-cœur, sous l’arbre avec lui.

Au même instant nous entendîmes le pas d’un cheval.

« C’est lui, c’est lui, s’écria Thornton avec un sauvage accent de joie, et seul ! Alerte, il faut nous jeter sur lui, c’est moi qui lui crierai : la bourse ou la vie ! vous, retenez votre langue ;

« Les nuages et la pluie battante avaient tellement assombri la nuit, que, sans être complètement noire, elle était assez obscure pour cacher nos visages. Juste comme Tyrrell approchait, Thornton se précipita en avant et s’écria en déguisant sa voix. « Arrêtez, sur votre vie ! » je le suivis, et nous voilà tous les deux aux côtés de sir John.

« Il essaya de passer entre nous mais Thornton le saisit