Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/276

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vous aviez plus de bon sens, je ne dis pas seulement plus de génie, que tous les jeunes gens de ma connaissance. Vous l’avez prouvé dans cette occasion importante. Le bonheur domestique, mon très-cher Henry, doit être la pensée dominante de tout Anglais, quelque élevée que soit sa position. Quand je réfléchis sur les qualités de miss Glanville et sur sa réputation de beauté, je ne fais nul doute que vous ne possédiez le bonheur que vous méritez. Mais assurez-vous que le maniement de la fortune vous appartiendra ; le pauvre sir Réginald n’est pas du tout, je crois, avare ni mondain ; il n’insistera donc pas sur ce point. — Dieu vous bénisse, et vous accorde toutes sortes de félicités !

« Pour toujours, mon cher Henry, votre très-affectionnée mère,

« F. Pelham.

« P. S. Je pense qu’il vaudrait mieux laisser croire que miss Glanville a quatre-vingt mille livres. Ayez donc soin de ne pas me contredire là-dessus. »

Les jours, les semaines s’écoulèrent. Ah, les heureux jours ! cependant je ne vous regrette pas, jours fortunés, quand je vous rappelle à mon souvenir. Celui qui aime vivement a toujours des craintes au milieu même de ses espérances les mieux fondées. Quel bonheur d’échanger l’inquiétude de l’attente, contre la joie de sentir que le trésor est à vous pour toujours !

Le jour arriva. J’étais à ma toilette, et Bédos, dans le plus grand trouble, (pauvre garçon, il était aussi heureux que moi-même !) quand une lettre me fut apportée marqué d’un timbre étranger. Elle était de mon exemplaire ami Job Jonson, et quoique je ne l’aie pas ouverte, bien entendu, ce jour-là, cependant je veux qu’elle soit plus favorisée du lecteur ; c’est-à-dire, s’il veut bien ne pas sauter, sans les lire, les tendres épanchements que voici :