Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à quoi ? monsieur, pour arriver à cinq morceaux de sucre ! Oh ! les Français sont un bien triste peuple… un triste peuple… en vérité. J’espère pouvoir bientôt retourner en Angleterre. Cependant je me rends en Hollande pour voir comment ces riches bourgeois dépensent leur temps et leur argent. Je suppose que le pauvre Dawson, aussi bien que ce coquin de Thornton, seront pendus avant que vous receviez cette lettre, — ils ne l’ont pas volé. Voilà comme il y a toujours des coquins qui déshonorent les professions les plus honnêtes. Il faut qu’un praticien sache bien mal son métier pour en être réduit à couper la gorge à un homme, quand il devrait se contenter de couper sa bourse. Là-dessus, Votre Honneur, vous souhaitant toute sorte de félicités ainsi qu’à madame,

« Je prends la liberté de me dire comme toujours votre très-obéissant et très-humble serviteur,

« Ferdinand de Courcy, etc., etc. »

Frappé de la mine joyeuse de mon honnête valet, au moment où je prenais de ses mains mes gants et mon chapeau, je ne pus m’empêcher de vouloir aussi lui procurer une félicité semblable à celle que j’allais posséder.

« Bédos, lui dis-je, Bédos, mon brave camarade, vous avez quitté votre femme pour me suivre ; je ne veux pas que vous soyez plus longtemps victime de votre fidélité. Envoyez-la chercher, nous trouverons une chambre pour elle dans notre futur établissement. »

Le visage souriant du Français subit un changement rapide.

« Ma foi, dit-il dans sa propre langue, monsieur est trop bon. Un excès de félicité endurcit le cœur ; et, dans la crainte d’oublier toute la reconnaissance que je dois à Dieu, je supporterai, avec la permission de monsieur, le chagrin de voir ma femme adorée rester où elle est. »

Après une aussi pieuse réplique, j’aurais été plus qu’impie si j’avais insisté davantage sur ce point.

Je trouvai tout préparé à Berkeley Square. Lady Glanville est une de ces femmes prévoyantes qui veulent qu’on