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fasse bien les choses et ne négligent rien. Nous allâmes à l’église avec Réginald. Quoiqu’il fût alors affaibli au point de pouvoir à peine supporter la moindre fatigue ; c’est lui qui insista pour servir de père à Hélène. Il était ce matin-là, et même depuis deux ou trois jours, infiniment mieux ; et notre bonheur semblait doublé par l’espoir de le voir se rétablir complètement.

Quand nous revînmes de l’église, notre intention était de partir immédiatement pour *** Hall ; c’était une résidence que j’avais arrêtée pour nous recevoir. En rentrant à la maison, Glanville me tira à part, je suivis ses pas faibles et chancelants dans un appartement particulier.

« Pelham, me dit-il, nous ne nous verrons plus ! N’importe, vous êtes heureux maintenant, et moi, je le serai dans peu. Mais il est encore un service que j’ai à réclamer de votre amitié ; quand je serai mort, faites-moi enterrer à côté d’elle, et que la même tombe nous recouvre tous deux. »

Je pressai sa main, et avec des larmes dans les yeux, je lui fis la promesse qu’il me demandait.

« C’est bien, dit-il, je n’ai plus rien à faire avec cette vie. Dieu vous bénisse, mon ami, mon frère ; ne pensez plus à moi ; ce serait un nuage qui vous gâterait votre bonheur. »

Il se leva et nous nous disposions à quitter la pièce ; Glanville s’appuyait sur mon bras ; quand il eut fait quelques pas vers la porte, il s’arrêta tout à coup. M’imaginant que c’était l’effet de la souffrance ou de la faiblesse, je jetai les yeux sur son visage, ses traits s’altérèrent subitement, ses yeux se fixaient avec égarement dans le vide.

« Dieu bienfaisant, est-ce vrai ? est-ce possible ? » dit-il à voix basse.

Avant que je pusse parler, je sentis sa main lâcher mon bras, il tomba sur le plancher, je le soulevai, un sourire ineffable de sérénité et de paix reposait sur ses lèvres ; sa figure était celle d’un ange, mais l’âme s’était envolée.