Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péniblement de rouler jusqu’au haut de la montagne leur échappe des mains et vient rebondir rudement contre vos jambes. Ils sont quelquefois polis, incivils toujours. Leur chaleur est toujours artificielle, leur froideur ne l’est jamais. Ils ont de la roideur sans dignité, de la platitude sans agréments. Ils vous font un affront sous le prétexte de vous dire franchement la vérité, ils blessent vos sentiments et ils appellent cela dire loyalement le fond de leur pensée. Ils ne font aucun cas des détours ingénieux qu’inspire la charité, mais ils n’en sont ni plus francs ni plus loyaux pour cela. Ils professent une profonde horreur pour la servilité, et ils sont à genoux devant la noblesse titrée ; à les entendre ils ne font aucun cas d’un ministre, et ils remuent ciel et terre pour être invités par la femme d’un ministre. Et leurs amusements ! c’est la chaleur, la poussière, la monotonie de cet odieux parc dans la journée ; et le soir, même scène répétée dans un étroit espace renfermé où la chaleur est plus forte, l’air moins respirable, la prison plus étroite avec moins de facilité pour s’échapper. Nous sommes toujours à errer comme les damnés de l’histoire de Valhek, nous passons notre vie, comme le roi philosophe de Sans-souci, à conjuguer le verbe je m’ennuie.