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CHAPITRE LVIII


Ma brochure eut un succès prodigieux. On en attribua la paternité à l’un des membres les plus habiles de l’opposition, et quoiqu’il y eût çà et là quelques écarts de style et (j’y pense maintenant, mais alors je n’y songeais guère, autrement je ne les aurais pas commis) quelques sophismes ; cependant elle atteignit le but que se propose l’ambition dans tous les genres, elle fut goûtée du public.

Quelque temps après, je descendais l’escalier du cercle d’Almack, lorsque j’entendis une altercation vive et bruyante qui avait lieu à l’entrée du salon de réception. À ma grande surprise, je vis lord Guloseton et un très-jeune homme, tous deux fort courroucés. Ce dernier venait pour la première fois à Almack et il avait oublié d’apporter sa carte d’introduction. Guloseton, qui appartenait à un tout autre monde que celui d’Almack, prétendait que son nom seul devait servir de garantie et d’introduction à son jeune ami. L’inspecteur des billets était irrité et inflexible. Comme il avait vu rarement ou peut-être même jamais lord Guloseton lui-même, il ne tenait aucun compte de son nom et de son autorité.

Comme je prenais mon manteau pour sortir, Guloseton s’adressa à moi, car la passion rend les hommes commu-