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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/108

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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

que présentent les dernières années de la République, il est là tout entier, devant nous. Que, dans ces masses de documents qui nous font assister à la fin de l’existence la plus belle et la plus originale que nous présente l’histoire du temps, l’un ne voie qu’une collection de curiosités de premier ordre ; que l’autre constate avec une joie maligne la chute de tout ce qui est noble et grand ; qu’un troisième analyse cet événement comme un grand procès judiciaire, qu’importe ? Le fait lui-même n’en demeurera pas moins jusqu’à la fin des jours un objet digue des méditations du penseur.

Le grand malheur de Fiorence, la cause des troubles qui l’agitaient sans cesse, c’était sa domination sur des ennemis vaincus, mais autrefois puissants, tels que les habitants de Pise ; il en résultait forcément un régime de compression perpétuelle. Il n’y aurait eu qu’un moyen de remédier au mal, moyen héroïque sans doute, que Savonarole seul aurait été à même d’employer, c’eût été de dissoudre en temps utile le duché de Toscane et d’en faire une fédération de villes libres ; idée qui plus tard, lorsqu’elle n’était plus qu’un réve enfanté par le délire de la fièvre, coûta la vie à un Lucquois patriote (1548) [1]. L’omission de cette transformation salutaire, la sympathie loute guelfe des Florentins pour un prince

  1. Franc. Burlamacchî, père du chef des protestants de Lucques, Michel B. compar. Archiv. sior. üai, ser. I, t. X, p. 435 ss., ocumenii, p. 146 SS. ; d’autre part, Carlo Minutoli, Sionadi Fr B Luccn 1844 et les précieux articles de Leone del Prete dans le Gxomale storico degli Archivi toicani, IV (1860), p. 309 ss. On sait combien Milan a facilité la formation d’un grand État despotique par a dureté que cette ville a montrée au onzième et au douzième siecle à l’égard de ses sœurs. Lorsque la famille des s’éteignit en 1447, Milan détruisit les espérances de liberté de la haute Italie surtout parce qu’elle ne voulut pas entendre parler d une fédération de villes ayant toutes les mêmes droits. Compar. Como, fol. 358, SS.