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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/121

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CHAPITRE VIII. — POLITIQUE EXTÉRIEURE.

sans doute entièrement oubliée ; mais les progrès de l’Orient, les malheurs et la chute de l’empire grec avaient réveillé chez les Occidentaux leurs sentiments d’autrefois, à défaut de leur zèle contre les infidèles. Sous ce rapport, l’Italie fait généralement exception ; quelque grande et quelque fondée que fût la terreur inspirée par les Turcs, il n’y a guère eu de gouvernement considérable qui n’ait recherché l’appui compromettant de Mahomet II et de ses successeurs contre d’autres États italiens. Les princes se croyaient réciproquement capables de pactiser avec le musulman, et l’entente avec les Turcs paraissait toujours possible, même quand elle n’était pas réelle ; cela était moins grave assurément que ce que les Vénitiens reprochaient à l’héritier d’Alphonse de Naples, qui, disaient-ils, avait envoyé des gens pour empoisonner les citernes de Venise[1]. En voyant un scélérat comme Sigismond Malatesta, on pouvait bien s’attendre à ce qu’il appelât les Turcs en Italie[2]. Mais même les Aragonais de Naples, à qui Mahomet, excité, à ce qu’on dit, par d’autres gouvernements italiens, surtout par celui de Venise[3], enleva un jour Otrante (1480), instiguèrent à leur tour

  1. Comms Charles VlII, chap. vu. - Nantiporto, dans Müeat,. III, COL II, 1073, raconte comment Alphonse cherche à s’emparer de son adversaire à l’occasion d’une entrevue. Alphonse est ie véritable précurseur de César Borgia.
  2. it ! Marie Galéas de Milan disait {H67) à un agent vénitien que lui et ses alliés s’uniraient aux Turcs pour anéantir Venise, c’était une pure fanfaronnade. — Sur BoccaUno, voir p. 32.
  3. PORXIO, Congiwra âx’ baronî, 1. I, p. 5. H est difficile d’admettre comme Porzio l’indique, que Laurent le Magnifique ait trempé dans 1 affaire. Par contre, il ne semble que trop certain que Venise avait engagé le sultan à commettre cet acte de violence, compar. Rominin, Storia docwsientata di Venezia, Hb. XI, cap. lu. Lorsque Otrante fut prise, Vespasiano Bisticci fit entendre son Lammto dltaha, Archiv. sior, ital, IV, p. 452 SS,