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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/134

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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

ni le pape de Rome ni celui d’Avignon n’étaient assez riches pour reconquérir leurs États perdus ; mais après le rétablissement de l’unité de l’Église, sous Martin V, l’entreprise réussit ; elle fut même une seconde fois couronnée de succès, lorsque le danger reparut sous Eugène IV. Mais les États de l’Église étaient et restèrent jusqu’à nouvel ordre une complète anomalie parmi les États de la Péninsule ; à Rome et autour de la ville les grandes familles nobles des Colonna, des Savelli, des Orsini,des Anguillara, etc., bravaient ouvertement la papauté ; dans l’Ombrie, dans la Marche, dans la Romagne il n’y avait presque plus, il est vrai, de ces cités républicaines que la papauté avait jadis si mal récompensées de leur attachement ; mais il y avait, par contre, une foule de principautés grandes et petites, dont l’obéissance et la fidélité étaient très-problématiques. Formant des dynasties particulières qui subsistent par elles-mêmes, elles ont aussi leurs intérêts particuliers ; sous ce rapport, nous avons déjà parlé (p. 34 ss., 55 ss.) des plus importantes d’entre elles.

Nous avons cependant à faire une courte observation sur les États de l’Église considérés comme corps politique. Dès le milieu du quinzième siècle, ils sont tourmentés par de nouvelles crises et menacés de nouveaux dangers, attendu que l’esprit de la politique italienne les envahit sur plusieurs points, et cherche à les entraîner dans ses voies. Les dangers les moins graves viennent du dehors ou du peuple, les plus grands ont leur source dans le caractère des papes eux-mêmes.

Nous ne parlerons pas ici des étrangers d’au delà des Alpes, Dans le cas où la papauté aurait été menacée en Italie dans son existence, ni la France sous Louis XI, ni l’Anglelerre au commencement de la guerre des Deux