avait plus guère à y songer, et Girolamo Riario, après avoir fait une vaine tentative pour s’emparer de Florence, et subi bien d’autres échecs, dut se contenter de créer une principauté sur le territoire même des États de l’Église. Ce fait pouvait se justifier ainsi : la Romagne avec ses princes et ses tyrans locaux menaçait d’échapper entièrement à l’autorité du Saint-Siège, ou de devenir sous peu la proie des Sforza et des Vénitiens, si Rome n’intervenait pas de cette manière. Mais qui pouvait garantir, à cette époque et dans de telles circonstances, la soumission des neveux devenus souverains et de leurs successeurs à l’égard des papes, qui ne leur étaient plus rien ? Même le pape régnant n’était pas toujours sûr de son propre fils ou de son propre neveu, et, d’ailleurs, il devait être tenté de chasser le neveu d’un prédécesseur pour mettre à sa place le sien. Le contre-coup de cette situation sur la papauté elle-même se fit vivement sentir : tous les moyens de contrainte, même les moyens spirituels, furent employés sans vergogne pour arriver à un but on ne peut plus équivoque, à un but auquel toutes les autres vues du siège de Saint-Pierre durent se subordonner, et quand on réussit, au milieu des secousses les plus violentes et de la réprobation générale, à venir à bout de l’entreprise, il se trouva qu’on avait créé une dynastie qui avait le plus grand intérêt à la ruine de la papauté.
Après la mort de Sixte IV, Girolamo ne put se soutenir qu’à grand’peine, et grâce à la protection de la famille Sforza (à laquelle appartenait sa femme Catarina), dans cette principauté (de Forli et d’Imola) qui avait une si singulière origine ; il fut assassiné en 1488. Dans le conclave qui se réunit à la suite de cet événement et qui choisit pour pape Innocent VIII, on vit se produire un phénomène qui ressemble presque à une nouvelle garantie
