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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/171

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CHAPITRE PREMIER. — L’ÉTAT ITALIEN ET L’INDIVIDU.

donne, surtout dans Thistoire florentine[1], aux hommes d’État et aux tribuns du peuple un caractère si personnel ; à peine trouve-t-on, à titre d’exception, dans le reste du monde d’alors, des figures originales comme celle d’un Jacques d’Arteveldt.

Les membres des partis vaincus étaient souvent dans une situation semblable à celle des sujets des États despotiques ; seulement la liberté ou le pouvoir dont ils avaient joui, peut-être aussi l’espérance de retrouver l‘une ou l‘autre, contribuait-elle davantage à développer leur idéalisme. C’est précisément parmi ces hommes condamnés à l’inaction qu’on trouve, par exemple, un Agnolo Pandolfini († 1446), dont le livre De l‘intérieur d’une maison[2] est le premier programme d’une existence privée parfaitement comprise. L’énumérationdes devoirs à remplir par l‘indlvidu en présence de l‘incertitude el des difficultés de la situation politique [3] est dans «on genre un véritable monument de l’époque.

  1. Et aussi dans celle des femmes, comme on le remarque dans la maison Sforza et dans différentes familles de souverains de la haute Italie. Compar. dans l’ouvrage de Jacques-Phil. Beugomensis : De plurimis claris selectisque mulierihus^V&VVare, Í497, les biogra¬ phies de Battista de Malatesta, de Paola de Gonzague, de Bonne Lombarda, de Richarde d’Este et des femmes les plus marquantes de la famille des Sforza, Béatrix entre autres. On trouve dans le nombre plus d’une virago, et l’on voit souvent le développement individuel complété par la haute culture. (Comp. plus bas, p. 187, note 1, et la cinquième partie.)
  2. Franco Sacchetti, dans son Capitolo (Rime, pubi, dal Poggiali, p. 56), compte vers 1390 plus de cent noms de gens considérables des partis dominants, qui étaient morts de son temps. Quelques médiocrités qu’il pût y avoir dans le nombre, il n’en est pas moins vrai que l’ensemble est une preuve sérieuse du réveil de l’individualité. — Sur les • Vite . de Philippe Villani, voir plus bas.
  3. >Trattato del governo della famìglia, forme une partie de l’ouvrage : La cura della famiglia, [Opere volgari di Leon Batí. ALBERTI, pubi, da Anicio BONÜCCI, Fior., 1844, i. IL) Compar. ibid„ vol., I, p- 30-40: voi. II, p. 35 SS., et voi. V, p. 1-227. Autrefois on attribuait géné- ïalement cet écrit à Agnolo Pandolfini (f 1446); comp. Yespas. Fio-