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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

Parme, Philippe Arcelii, de Plaisance, surtout Gattamolata de Narni († 1442)[1], dont la statue équestre en bronze, « semblable à un César triomphant » se dressait sur la place de l’église du Santo. Ensuite l’auteur cite des légions de jurisconsultes et de médecins ; parmi ces derniers des amis de Pétrarque, tels que Johannes ab Horologio et Jacques de Dondis, gentilshommes qui non-seulement avaient reçu le tilre de chevalier comme tant d’autres, mais qui l’avaient aussi mérité, enfin des mécaniciens, des peintres et des musiciens célèbres. Celui qui clôt la liste, c’est le fameux maître d’armes Michel Rosso, dont on pouvait voir le portrait en maint endroit.

À côté de ces gloires locales auxquelles coopèrent le mythe, la légende, les travaux des littérateurs et l’admiration populaire, les poëtes philologues construisent un Panthéon universel qui doit recevoir les gloires du monde entier ; ils écrivent des recueils oü figurent des hommes et des femmes célèbres ; souvent ils s’inspirent directement de Cornélius Népos, du faux Suétone, de Valère Maxime, de Plutarque (Mulierum virtuose), de saint Jérôme (De virus illustrions), etc., ou bien ils imaginent des triomphes et des assemblées idéales, comme Pétrarque dans son Trionfo della dama, Boccace dans son Amoroso visione, avec des centaines de noms dont les trois quarts au moins appartiennent à l’antiquité, tandis que les autres sont empruntés au moyen âge[2]. Peu à peu, cet élément relativement moderne reçoit une plus grande extension ; les historiens font entrer de véritables portraits dans leurs œuvres, et il se forme des

  1. Ce qui suit ne vient pas de Michel Savonarole, ainsi que l’éditeur le fait observer, mais de Murat. XXIV (col. 1059, note).
  2. Voir à l’appendice no 3.