brillante et joyeuse[1]. Mais parfois des âmes tendres tombaient dans une sorte de désespoir sous l’influence du remords des fautes commises et des méchants propos[2]. Peu à peu la médisance en vint à ne plus respecter personne, et ce fut précisément la vertu la plus austère qui fut en butte aux attaques les plus violentes. C’est ainsi qu’à propos du grand orateur sacré Fra Egidio de Viterbe, dont Léon X récompensa le mérite par le chapeau du cardinal, et qui, lors des malheurs de l’année 1527, montra toute l’énergie d’un moine populaire[3], Paul Jove fait entendre qu’il entretenait sa pâleur ascétique au moyen de la fumée provenant de paille humide enflammée, etc. Jove est dans ces circonstances un véritable curial[4] ; en général, il débite sa petite histoire en ayant soin d’ajouter qu’il n’en croit pas un mot, et, dans une observation générale, il laisse deviner qu’elle pourrait pourtant être vraie jusqu’à un certain point. La victime qui eut le plus à souffrir de la médisance romaine, fut l’austère et pieux Adrien VI ; tout le monde s’entendait en quelque sorte pour ne le considérer que par le côté burlesque. Adrien avait désigné dédaigneusement le groupe de Laocoon
- ↑ C’est ainsi que fit presque toujours Léon, et, en somme, son calcul était parfaitement juste ; malgré les horreurs que les pamphlétaires ont dites sur son compte après sa mort, ils n’ont pu effacer le glorieux souvenir de son existence.
- ↑ Tel était le cas du cardinal Ardicino délia Porta, qui, en 1494, voulait se démettre de sa dignité et chercher un asile dans quelque couvent lointain. Gomp. Infessüra, dans Eccard, il, col. 2000.
- ↑ Voir son oraison fursèbre dans les Anecd. Uu., IV, p. 315. Il réunit dans le sud de la marche d’Ancônenne armée de paysans, que la trahison du duc d’Urbi empêcha seule d’agir. — Voir dans trücchi, Poesieined., III, p. 123, les beaux madrigaux où il chante un amour sans espoir.
- ↑ Voir dans Giraldi, ffeeatommithif VU, Nov, 5, comment il osait parler à la table de Clément VII.
