Aller au contenu

Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
CHAPITRE PREMIER. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.

raisons particulières pour le croire[1]. Jusqu’à un certain point ces poésies latines des clercs errants du douzième siècle avec l’extrême frivolité qui les caractérise sont certainement un produit commun de l’Europe ; mais celui qui a composé le chant de Phyllide et Flora[2] et le Æstuans interius, etc., n’était probablement pas un homme du Nord, non plus que le sybarite, cet observateur si fin qui a écrit Dum Dianæ vitrea sero lampas oritur. On trouve ici une renaissance des idées antiques, que la forme du vers du moyen âge fait d’autant mieux ressortir. Il y a bien des œuvres de ce siècle et des siècles suivants où l’on rencontre des hexamètres et des pentamètres frappés au coin de l’antiquité avec toutes sortes d’ornements antiques, surtout des souvenirs de la mythologie, mais où l’on ne retrouve pas à beaucoup près le même parfum d’antiquité. Les chroniques en vers hexamètres et d’autres productions à partir de Guilielmus Apuliensis (vers 1100) attestent souvent une sérieuse étude de Virgile, d’Ovide, de Lucain, de Stace et de Claudien ; mais la forme antique est pure affaire d’érudition ; il en est de même du fond antique chez des compilateurs du genre de Vincent de Beauvais et du mythologue et écrivain allégorique Alanus ab Insulis. Mais la Renaissance n’est pas une imitation partielle et une compilation, c’est une régénération ; or tel est le caractère qui se manifeste dans les poésies du clerc inconnu du douzième siècle.

  1. V. appendice dm, à la fin du volume.
  2. Carm. bur., p. 166, à l’état de fragment seulement ; le poëme entier se trouve dans Wright, Walther Mapes (l84l), p. 268. Comp. Hubatsch, p. 27 ss., qui rappelle que le fond du poëme est un conte qui a paru sous plusieurs formes en France. Æst. inter. Carm. bur., p. 67. Dum Dianæ, Carm. bur., p. 124. De plus, on trouve dans le texte : Cor patet Jovi ; la jeune fille aimée porte des noms