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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/229

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CHAPITRE II. — ROME, LA VILLE AUX RUINES CÉLÈBRES.

longtemps des généalogistes complaisants faisaient dériver certaines familles modernes de célèbres famüles romaines. De telles assertions étaient si flatteuses que l’on y croyait encore au quinzième siècle, malgré les lumières de la critique naissante. À Viterbe[1], Pie II répond naïvement aux orateurs romains qui le prient de hâter son retour dans la ville éternelle : « Rome est ma patrie aussi bien que Sienne, car la famille des Piccolomini, à laquelle j’appartiens, a jadis émigré de Rome à Sienne, ainsi que le prouve le fréquent emploi des noms d’Énée et de Sylvius dans notre maison. » Il est probable qu’il aurait bien aimé descendre des Jules. Paul II (Barbo de Venise) eut aussi d’illustres ancêtres; malgré son origine germanique, les généalogistes le firent descendre des Abenobarbus de Rome, qui étaient allés fonder une colonie à Parme, et dont les descendants avaient émigré à Venise par suite de dissensions intestines[2]. Il n’est pas extraordinaire que les Massini aient prétendu descendre

    gine de Milan, dans le Manipulm (Murat., XI, col. 552), et celle de l’origine de Florence, dans Gio. Villaniî (qui suit, ici comme ailleurs, la fausse chronique de Ricardo Malespini), d'après lequel Florence a toujours raison contre Fiésoles. qui est antiromaine et rebelle, parce qu’elle-raême est si dévouée à Rome (I, 9, 38, 41 ; II, 2). — Dante, Inf. XV, 76.

  1. Commentarii, p. 206, liv. IV.
  2. Miclï. CANNEsiüs, Vita PauH II, ed. QuiRiNi, Home, 1740, et aussi dans Murat., HT, ir, col. 993. L’auteur, à cause de sa parenté avec le Pape, ne veut pas être désobligeant, même à l’égard de Néron, le fils de Domitius Abenobarbus; il n’en dit que ces mots ; ih quo rerum scriptores muUa ac diversa commémorant. — La famille Plato de Milan, par ex., allait plus loin quand elle se flattait de des¬ cendre du grand Platon; il en était de même de Filelfo, quand, dans un discours prononcé à l’occasion d’un mariage et dans le panégyrique de Théodore Plato, il osait dire la même chose (comp. C. Rosmini, Filelfo, II, 121 ss.), et d'nn certain Giovan Antonio Plato, quand il se permettait de mettre au bas du relief représentant le philosophe (relief sculpté par lui en 1478 et se trouvant dans le pal. Magenta à Milan) l'inscription suivante i Platonem a quo originmet ingeninm refert.