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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/240

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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

renfermait, par exemple, tous les ouvrages de médecine qu‘il était possible de se procurer. Parmi les « modernes » figuraient en tête les grands auteurs du quatorzième siècle, tels que Dante et Boccace, représentés par leurs œuvres complètes ; puis venaient vingt-cinq humanistes d’élite, toujours avec leurs écrits latins et italiens, et tout ce qu’ils avaient traduit. En fait d’auteurs grecs, les Pères de l’Église étaient de beaucoup les plus nombreux ; pourtant on lisait à chaque instant dans ie catalogue, à propos des classiques notamment : Œuvres complètes de Sophocle, œuvres complètes de Pindare, œuvres complètes de Ménandre. Il est évident que ce catalogue a dû disparaître de bonne heure[1] d’Urbin, autrement les philologues n’auraient pas tardé à le publier.

À côté des gens qui collectionnent des livres, on en trouve de bonne heure qui recommandent de ne pas tomber dans l‘excès, non pas qu’ils méprisent la science, mais parce qu’ils veulent que la science soit sérieuse et qu’ils redoutent les dangers de la fureur de collectionner. C’est ainsi que Pétrarque déjà tonne contre la mode ou plutôt la manie nouvelle qui consiste à accumuler des livres sans aucun but pratique, et dans le même quatorzième siècle Giovanni Manzini se moque d’un certain habitant de Brescia, âgé de soixante-dix ans, Andreolo de Ochis, qui aurait volontiers donné toute sa fortune, sa femme et lui-même par-dessus le marché, afin de pouvoir agrandir sa bibliothèque. Souvent aussi nous apprenons des détails intéressants sur la manière dont se faisaient les copies et se formaient les bibliothèques[2]. L’achat direct d’un ancien

  1. V. appendice no 2, à la fin du volume.
  2. >Pour ce qui suit, et en partie aussi pour ce qui précède.