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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/243

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CHAPITRE III. — LES AUTEURS ANCIENS.

jusqu’au quatorzième siècle. Le pape Nicolas V, le Pogge, Giannozzo Mannetti, Niccolo Niccoli et d’autres savants célèbres étaient eux-mémes des calligraphes distingués et n’admettaient que les belles copies. Le reste du travail, même à défaut de vignettes, était extrêmement élégant, comme on le volt particnliërement par les catalogues de la Bibliothèqne Lanrentienne avec leurs gracieux entrelacs. Quand on copiait pour de grands seigneurs, on n’employait jamais que le parchemin ; à la Bibliothèque Vaticane et dans celle d’Urbin, les reliures étaient uniformément en velours cramoisi avec ferrements d’argent. Étant donné le respect qu’on professait pour le contenu des livres et qu’on voulait montrer aux yeux par le soin matériel qu’on apportait à leur confection, il est facile de comprendre que l’apparition de livres imprimés n’ait pas eu de succès d’abord. Les émissaires du cardinal Bessarion rirent en voyant chez Constantin Lascaris le premier livre imprimé, et se moquèrent de cette invention « qui était née chez les Barbares, dans une ville d’Allemagne » ; Frédéric d’Urbin » aurait rougi » de posséder un livre imprimé [1].

Quant aux malheureux copistes, — je ne parle pas de ceux qui gagnaient leur vie à ce métier, mais de ceux qui, pour avoir un livre, étaient obligés de le copier, — ils saluèrent avec enthousiasme l’invention allemande, malgré les dissertations et les poëmes qu’on fit eii leur honneur, malgré les voix qui les encourageaient à continuer leurs nobles travaux [2]. Bientôt, grâce à elle,

  1. Vespas. Fior., p. 129.
  2. Artes - Quis labor est/essis demptus ah artîculîs, dans un DOëme dfl t. II, col. 693. Il se réjouit un peu prématurément de la ranide S/® r n ciassiques, Compar. Libri, Hist. des sciences tnathémattques, II, 278 SS. Comp. aussi le panégyrique en vers de