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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/278

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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

car un prince généreux récompense tous les mérites[1]. » De nos jours, on a trop insisté sur le côté méprisable de ces rapports entre princes et littérateurs, sur les flatteries payées, de même qu’autrefois on a pris à la lettre les éloges prodigués par les savants aux souverains. À tout considérer, il y a toujours un fait capital qui milite en faveur des derniers : c’est qu’ils croyaient devoir se mettre à la tête du mouvement intellectuel de leur temps et de leur pays, quelque restreint qu’il pût être. Enfin la sécurité avec laquelle certains papes[2] envisagent les conséquences de la culture de leur époque, a réellement quelque chose d’imposant. Nicolas V était tranquille sur le sort de l’Église, parce que des milliers d’hommes savants lui prêtaient leur appui. Pie II est loin de faire des sacrifices aussi considérables pour la science, sa cour de poètes est très-médiocrement peuplée, mais lui-même est encore bien plus le chef de la république des lettres que son avant-dernier prédécesseur, et il jouit de cette gloire avec une parfaite sécurité. Paul II est le premier à qui l’humanisme de ses secrétaires inspire de la crainte et de la défiance ; ses trois successeurs. Sixte, Innocent et Alexandre, acceptent bien des dédicaces et sc laissent attribuer toutes les vertus que l’adulation est capable d’imaginer, — il y eut

  1. Il ne faut nas oublier qu’il se produit des plaintes
  2. vers la fin du quinzième siècle, nous devons nous bo îenvo^r à GrLorovius, t VII et VIII. pour Pie II en particulier, comp. G. > æZ devenu pape sous le nom de Pie II, t. m (Berlin, 1863), pp. 406-440.