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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/306

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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

ce soit en latin ou en italien. Grâce à ces ouvrages, la langue devient plus libre et plus variée qu’elle ne l’est dans la narration historique ou dans le discours et dans les lettres ; aussi, parmi les écrits italiens de ce genre, en est-il plusieurs qui passent encore aujourd’hui pour des modèles. Beaucoup de ces travaux ont été déjà cités ou le seront encore à cause des idées qu’ils renferment ; ici nous devons nous borner à en parler comme genre littéraire. À partir des lettres et des traités de Pétrarque jusque vers la fin du quinzième siècle, c’est l’élément antique qui domine dans cette sorte d’ouvrages, comme dans les discours des orateurs ; peu à peu l’originalité prend la place de l’imitation, jusqu’au moment où Bembo dans les Assolant, et Luigi Cornaro[1] dans la Vita sobria, produisent des modèles classiques. Une raison majeure de ce fait, c’est que, dans l’intervalle, les matériaux légués par l’antiquité s’étaient en quelque sorte déposés dans de volumineux recueils spéciaux, et qu’ils n’étaient plus un embarras pour les auteurs de traités.

Il était inévitable que l’humanisme s’emparât aussi de l’histoire. Si l’on fait une comparaison superficielle entre ces histoires et les chroniques d’autrefois, notamment des ouvrages admirables, riches de couleur et de vie, comme ceux de Villani, on regrettera vivement cette transformation. Combien tout ce qu’écrivent les humanistes est terne et conventionnel à côté de ces beaux travaux, même sans excepter les successeurs immédiats de Villani ! Quelabimeentre Léonard Arétinet le Pogge,et ces illustres chroniqueurs de Florence[2] ! Le lecteur se dit

  1. Voir là-dessus plus bas, 4e partie, chap. v.
  2. Comp. la mordante épigramme de Sannazar :
    Dum patriam laudat, damnat dum Porgius hostem
    Nec malus est ciris, neo bonus historicus.