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CHAPITRE VIII. — LES TRAITÉS EN LATIN ET L’HISTOIRE.

Dieu a pitié du nom italien depuis que je vois que son inépuisable bonté redonne aux Italiens des âmes pareilles à celles des anciens, car ils cherchent la gloire par d’autres voies que par la rapine et la violence, c’est-à-dire par la poésie qui rend immortel. » Cependant ce sentiment étroit et peu juste n’exclut pas chez les grands esprits le désir de connaître le moyen âge, à une époque où, dans le reste de l’Europe, il n’était pas encore question d’études de ce genre ; il se forma pour le moyen âge une critique historique [1], parce que l’habitude de traiter tous les sujets d’une manière rationnelle devait tourner aussi au profit des études de l’histoire. Au quinzième siècle déjà, les chroniques locales se ressentent de l’influence de cet esprit nouveau ; en effet, les fables qui défiguraient l’histoire primitive de Florence, de Venise, de Milan, etc., disparaissent pendant que les chroniques du Nord sont condamnées à ressasser encore longtemps les rêveries creuses qui les défrayaient depuis le treizième siècle.

Nous avons déjà parlé, à propos de Florence (p. 95), de l’étroite connexion qui existait entre l’histoire locale et la gloire, Venise ne pouvait pas rester en arrière des autres villes ; après un grand triomphe oratoire remporté par un Florentin [2], un ambassadeur vénitien se hâte d’écrire à Venise pour qu’elle envoie également un orateur ; de même, les Vénitiens veulent une histoire qui puisse soutenir la comparaison avec les ouvrages de

  1. En cela Pétrarque est encore un de ceux qui donnent 1 exemple. Comp. surtout ses recherches sur la charte autrichienne provenant, comme on le prétend, de césar. Epp, sm., xvi, l.
  2. Comme celui que remporta Giannozzo Mannetti en présence e Nicolas V, de toute la curie et de nombreux étrangers venus de loin ; comp. Vtspas. Fior„ p. 591 ; pour plus de détails voir le tommentano, p. 37-40,