ces tragiques événements fut lavé avec du vin et béni de nouveau. L’arc de triomphe élevé à l’occasion du mariage était encore debout, avec les peintures qui retraçaient les hauts faits d’Astorre et les vers élogieux du bon Matarazzo, qui nous raconte tous ces détails.
Il se forma au sujet des Baglioni toute une légende, qui n’est que le reflet de ces horreurs. On prétendit que de tout temps les membres de cette famille avaient péri de mort violente ; que vingt-sept d’entre eux avaient succombé le même jour ; qu’une fois déjà leurs maisons avaient été rasées, et qu’on avait pavé les rues avec les tuiles qui les avaient couvertes, etc. Sous Paul III, leurs palais furent en effet rasés[1].
En attendant, ils paraissent avoir conçu de sages projets, mis à la raison leurs propres partisans et protégé les fonctionnaires contre les crimes des nobles. Mais plus tard, la malédiction qui pesait sur eux éclata de nouveau, comme un incendie étouffé seulement en apparence. Sous Léon X, Jean-Paul fut attiré à Rome et décapité (1520) ; l’un de ses fils, Horace, qui ne posséda Pérouse que temporairement, dans un moment de trouble et d’extrême confusion, c’est-à-dire comme partisan du duc d’Urbin, qui était également menacé par les papes, souilla encore une fois sa propre maison par les plus atroces cruautés. Un de ses oncles et trois de ses cousins furent tués ; sur quoi le duc lui fit dire de s’en tenir là[2]. Son frère, Malatesta Baglione, est le général florentin qui s’est immortalisé par la trahison qu’il a commise en 1530, et dont le fils Rodolphe est le dernier rejeton de la famille ;