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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

mais plus tard, le même confesseur a avoué à l’ami en question que saint Thomas faisait une dislincüon. et qu’il permettait de conspirer contre un tyran qui s’était imposé au peuple. (Voir p. 5.)

Lorsque Lorenzino de Médicis eut assassiné le duc Alexandre (1537) et se fut mis en lieu sûr, il parut une apologie du meurtre[1], apologie probablement authentique, ou du moins inspirée par lui, dans laquelle il vante le tyrannicide en lui-même comme l’œuvre la plus méritoire ; il se compare sans hésiter à Timoléon , le fratricide par patriotisme, dans le cas où Alexandre aurait appartenu réellement à la famille des Médicis et aurait ainsi été son parent (même éloigné). D autres l’ont comparé à Brulus, et Michel-Ange lui-même avait encore bien longtemps après des idées de ce genre ; c’est ce qu-’il est permis de conclure de son buste de Brutus (dans la galerie des Uffizi). Il a laissé ce buste inachevé, comme presque toutes ses œuvres ; mais ce n’est certainement pas parce qu’il a vu un forfait dans le meurtre de César, comme le prétend le distique gravé sur le marbre.

On chercherait en vain dans les principautés de la Renaissance un radicalisme général comme celui qui s’est développé en face des monarchies modernes. Sans doute chaque individu protestait dans son for intérieur contre le pouvoir d’un seul, mais il cherchait bien plus ¿s’accommoder de ce régime ou même à en profiter qu’à se réunir à d’autres pour l’attaquer. Il fallait que les choses fussent poussées à l’extrême, comme à Camerino, à Fabriano,

  1. D’abord, en 1723, comme supplément à l’histoire de Varcbi, ensuite dans Rosccc, Vfta di Lorenzo de’ Medici, Yol. IV, annexe 12» souvent réimprimé. Compar. Reumont, Histoire de la Toscane depuis lafn de la république forentine. Gotha, 1876, I, p. 67, noie. Compar, aussi la relation qui se trouve dansles Lettere di Principi ¿ed. Venez., 1577), III, fol. 162 SS,