Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/115

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(talamo) sur lequel les fausses nattes [1] viennent s’entasser avec les luths, les jouets, les masques, les amulettes, les recueils de chansons et autres babioles ; la flamme, qui purifie tout, fait justice de tous ces monuments de la vanité féminine. La couleur idéale qu’on cherche à donner aux cheveux naturels aussi bien qu’aux cheveux postiches, c‘est la couleur blonde. Comme le soleil avait la réputation de teindre en blond la chevelure [2], il y avait des dames qui, par le beau temps, restaient toute la journée en plein soleil [3] ; de plus, on employait des moyens artificiels, tels que des mordants et des mixtures, pour teindre les cheveux. Ajoutez à cela tout un arsenal d’eaux de senteur, de pâtes, de cosmétiques, de fards pour les différentes parties du visage, même pour les paupières et les dents, inventions bizarres dont nous n’avons plus aucune idée. Ni les sarcasmes des poètes [4], ni la virulence des prédicateurs, ni la perspective de voir leur peau défraîchie avant l’âge ne pouvaient faire renoncer les femmes à la manie de changer leur teint naturel et même de modifier en partie les traits de leur visage. Il est possible que les fréquentes et somptueuses représen-

  1. Infesmra, dans Eccard, Scriptores, II, col. 1874. - Aliegretto, dans Mürat., xxin, col. 823. — Puis les auteurs qui ont écrit sur Savonarole; voir plus bas.
  2. Sansovino, venezia. fol. 152 : Capeili bhndissimi per forza di sole - comp. p. 78 et les écrits rares cités par Yriarte, Vie d'un patri- oiende Venise(m4), p. 56.
  3. C‘est ce qui arriva aussi en Allemagne. — Poesie satiricke, Milano, 1808, p. li9, dans la satire de Bern. Giambullari ; Per prender moglte (p. 107-126). C’est un résumé de toute la chimie appliquée à la toiletie, qui évidemment s'appuie encore hettucoZ sur la superstition et sur la magie.
  4. Qui pourtant se donnaient toutes les peines du monde pour Z dégoûtant, de dangereux et de ridicule dans ce maquillage. Comp. Ariosto, satira IiI. ?s. 202 ss. Aretino, // atto II, scena v. et plusieurs passages des ^^roald. sm. Canfina. - Voir aussi FiIelfo dans ses Satires (Venise, 1502, IV, 2 f. 5 ss.}.