Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/141

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Mais, à côté de la musique flamande, il y avait déjà une musique italienne, qui se rapprochait certainement davantage de l’art actuel. Un demi-siècle plus tard paraît Palestrina, dont le puissant génie nous subjugue encore aujourd’hui. Nous apprenons aussi qu’il a été un grand novateur ; mais est-ce lui, sont-ce d’autres maîtres qui ont fait entrer définitivement la musique dans les voies modernes ? c’est une question que les auteurs du temps n’éclaircissent pas assez pour que les profanes paissent se faire une opinion bien nette à cet égard. Nous n’insisterons donc pas sur l’histoire de la composition musicale, et nous nous bornerons à étudier le rôle de la musique dans la société du temps.

Ce qui caractérise surtout la Renaissance italienne, c’est la richesse et la variété des orchestres, l’invention de nouveaux instruments ; et — conséquence toute naturelle — le nombre des virtuoses, c’est-à-dire des artistes qui jouent parfaitement d’un instrument donné.

Parmi les instruments qui peuvent remplacer tout un orchestre, c’est non-seulement l’orgue qui a été répandu et perfectionné de bonne heure, mais encore l’instrument à cordes appelé gravicembalo ou clavicembalo. Certains morceaux d’instruments de ce genre, remontant au quatorzième siècle, se sont conservés jusqu’à nos jours parce qu’ils sont ornés de peintures faites par les plus grands arlistes. Parmi les instruments légers, le violon tenait le premier rang, et déjà les bons violonistes arrivaient à la célébrité. À la cour de Léon X, qui, avant son pontificat, avait toujours eu sa maison pleine de chanteurs et de musiciens, et qui lui-même avait une haute réputation comme connaisseur et comme exécutant, le Juif Giovan Maria et Jacopo Sansccondo se firent un nom Illustre ; le premier reçut du Pape le titre de comte et