Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/155

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nomie savante (t I, p. 101) et une architecture rationnelle facilitent sa tâche ; mais ce qui favorise surtout cette réforme [1] c’est un retour intelligent sur toutes les questions relatives à la vie commune, à l’éducation, à i’installation et au service.

Le document le plus précieux à cet égard, c’est le dialogue d’Agnolo Pandolfini {L. B. Alberti) sur l’art de conduire une maison ; L’auteur met en scène un père qui parle à ses fils déjà adultes et qui les initie à toute sa manière de faire. On voit tous les détails d’un grand train de maison ; l'intelligente économie et la simplicité relative qui régnent partout promettent à de nombreuses générations le bien-être et le bonheur matériel. Une fortune considérable en biens-fonds dont les produits suffisent à entretenir la table de la maison, forme la base de l'ensemble; à la richesse en terre vient s’ajouter une affaire industrielle, un tissage de soie ou de laine. Tout ce qui fai! partie de l’installation du ménage doit être grand, durable, soigné dans les moindres détails, mais la vie de tous les jours doit être aussi simple que possible. Toutes les dépenses, depuis les plus grandes dépenses de luxe, jusqu’à l’argent de poche des plus jeunes fils, sont dans un rapport rationnel avec le reste. Mais ce qu'il y a de plus important, c'est l'éducation que le maître de la maison donne non-seulement aux enfants, mais à toute la famille. Il forme d’abord son épouse, qui n’était à l’opigine qu’une jeune fille timide, élevée sous l’aile de sa mère, et il lui apprend à diriger les domestiques, il en fait une maîtresse de maison ; ensuite

  1. Trattato del governo della famiglia, Comp. plus haut, t. I, p. 167, et la note 3, même page. Pandolfini mourut en 1446, L. B Alberti, qni est le véritable auteur de l’ouvrage, eu 1472. Comp. aussi p. 26, note 2.