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de fêtes, festaiuoli[1], ce qui prouve une fois de plus que sous ce rapport les Italiens étaient arrivés de bonne heure à une grande perfection.

Si nous voulons remonter aux principales causes de la supériorité de l’Italie sur celle des autres pays, nous trouverons en première ligne le goût de l’individu cultivé pour la représentation de tout ce qui est individuel, c’est-à-dire l’aptitude à inventer un masque complet, à en jouer et en soutenir le rôle. Les peintres et les sculpteurs ne contribuaient pas seulement à la décoration des rues ou des places ; ils s’occupaient aussi des questions relatives aux personnages et leur indiquaient la manière de se costumer et de se farder (p. 111 ss.), ainsi que tous les autres détails. Ensuite vient la parfaite intelligibilité de la poésie qui formait la base de ces fêtes. En ce qui concerne les mystères, cette intelligibilité se rencontrait à un égal degré dans tout l’Occident, attendu que les histoires bibliques et légendaires étaient connues de tout le monde. Mais pour tout le reste l’avantage appartenait à l’Italie. Pour les déclamations de personnages, soit sacrés soit profanes, elle avait une poésie lyrique ample et sonore, qui était capable d’entrainer également les grands et les petits[2]. Ensuite la plus grande partie des spectateurs (des villes) comprenait les figures mythologiques et devinait, du moins plus facilement qu’ailleurs, les figures allégoriques et historiques, parce que la culture générale des italiens était supérieure à celle des autres peuples.

Ceci demande une explication. Tout le moyen âge

  1. Comp., par ex., Infessura, dans Eccard, Script., II, col. 1896. — Corio, fol. 417, 421.
  2. Le dialogue des mystères aimait les octaves, le monologue, les tercets. : pour les mystères, voir J. L. Klein, Histoire du drame italien, t. I, p. 153 ss.