Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/167

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Alpes [1]. L’art de traverser l’espace par des procédés mécaniques, qui produit des effets si goûtés du public, était probablemeut plus répandu chez les Italiens que chez les autres peuples ; dès le quatorzième siècle, les Florentins avaient leurs plaisanteries stéréotypées quand tout ne marchait pas à souhait [2]. Bientôt après Brunellesco inventa pour la fête de l’Annonciation, célébrée sur la place San Felice, cet appareil extraordinairement ingénieux d’une sphère céleste autour de laquelle volaient deux groupes d’anges et d’où l’on vit descendre l’ange Gabriel dans une machine ayant la forme d’une amande ; Cecca fournit des idées et des machines pour des fêtes du même genre [3]. Les confréries religieuses ou les quartiers qui se chargeaient de l’organisation de ces fêtes et en partie de l’exécution elle-même, faisaient appel, du moins dans les grandes villes, à toutes les ressources de l’art quand toutefois leurs moyens pécuniaires le permettaient. On peut supposer que la même chose avait lieu lorsque dans les grandes fêtes données par les princes, on jouait des mystères à côté du drame profane ou de la pantomime. La cour de Pietro Riario (t. I, p. 135), celle de Ferrare, etc., déployaient certainement dans ces occasions toute la magnificence imaginable [4]. Qu’on se représente

  1. Un mystère ayant pour sujet le Massacre des enfants à Bethléhem et représenlé dans une église de Sienne, se terminait par une scène de mères éplorées qui se prenaient aux cheveux. Della Valle, Lettre cannesi, III, 53. — Feo Belcari (mort en 1481), qui vient d’être nommé, travaillait de toutes ses forces à purger la scène de pareils hors-d’œuvre.
  2. Franco Sacchetti, Nov 72.
  3. ...............
  4. ...........à voler et un fou d’artifice. Voir sur la représentation de Suzanne, de saint Jean-Baptiste et d’une legende,