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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/172

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Pie II parle moins longuement de la procession qui eut lieu la même année à Rome, à l’occasion du crâne de saint André qui venait d’être rapporté de la Grèce. Roderigo Borgia s’y distingua aussi par une magnificence extraordinaire ; mais, quant au reste, la féte avait un caractère profane, attendu que les inévitables chœurs d’anges étaient encore accompagnés d’autres masques, et même d’« hommes forts », c’est-à-dire d’hercules qui exécutaient probablement toutes sortes de tours.

Les représentations exclusivement ou surtout profiines, particulièrement celles qui avaient lieu dans les grandes cours princières, avaient pour but principal d’éblouir les yeux par la magnificence alliée au bon goût ; il y avait entre les divers éléments de ces spectacles un enchaînement mythologique et allégorique qui était parfois facile et agréable à saisir. Mais le baroque n’y manquait pas non plus : on voyait apparaître de gigantesques figures d’animaux d’où sortaient tout à coup des légions de masques ; c’est ainsi que, lors de la réception d’un prince à Sienne[1], on vit tout à coup un ballet entier composé de douze personnes sortir des flancs d’une louve en or ; d’autres fois c’étaient des surtouts de table renfermant des personnages vivants, mais qui n’avaient pas toujours, il est vrai, les absurdes dimensions du surtout du duc de Bourgogne (p 160 et 161). Il faut dire cependant qu’il y avait de l’art et de l’invention dans la plupart des détails. Nous avons déjà parlé, à propos de la poésie, du mélange du drame et de la pantomime, tel qu’il se rencontrait à la cour de Ferrare (p. 43). Rien n’est fameux comme les

  1. Allegretto, dans Murat., XXIII, col. 772. — Comp. en outre, col. 770, la réception faite à Pie II en 1459 ; on représenta un chœur d’anges ou un paradis, d’où descendit un ange qui salua le Pape par des chants, in modo che il Papa si commosse a lagrime per gran tenerassa di si dolce parole.