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206 MŒURS ET RELIGION.

remarquera que des récits de ce dernier genre ne sont pas des nouvelles propremeut dites, mais seulement des exemples terribles pris dans la vie réelle*. A mesure que Tiiifluence espaguole se fit sentir davantage dans la vie italienne au seizième siècle, la jalousie augmenta peut-être encore de violence, ainsi que les moyens qu’elle employait ; pourtant il faut la distinguer de la punition de l’iafidélité telle qu’elle existait auparavant et qu’elle dérivait de l’esprit même de la Renaissance italienne. La jalousie, montée à son comble sous Terapire de la culture espagnole, décrût avec elle, et, à la fin du dix-septième siècle, elle fit place à celte indifférence qui considérait le sigisbée comme une figure iudispensable dans la maison, et qui, de plus, acceptait encore un ou plusieurs soupirants (patUi).

Qui pourrait entreprendre de comparer la somme énorme d’immoralité que renferment les intrigues dont parlent les auteurs, avec ce qui se passait dans d’autres pays ? Le mariage en France, par exemple, était-il réellement plus sacré au quinzième siècle que le mariage en Italie ? Les fabliaux et les farces font naître des doutes sérieux à cet égard, et l’on est fondé à croire que les infidélités étaient aussi fréquentes ; seulement elles avaient moins souvent une issue tragique, parce que l’individualisme était moins développé. On trouverait plutôt en faveur des peuples germaniques un témoignage décisif dans la liberté plus grande dont les femmes et les jeunes filles jouissaient dans leurs relations sociales, liberté que les Italiens furent si agréablement surpris de trouver eu Angleterre et dans les Pays-Bas. (Voir p. 147, note 1.) Et pourtant il ne faudrait pas attacher une grande impor-I on en trouve un exemple dans Bandello, parte 1, nov. 4.