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210 MOEURS ET RELIGION. de découvrir les crimiaels en offrant des récompenses aux dénonciateurs, et se laissa ensuite arracher Tordre de mettre en liberté des hommes de l’espèce la plus dan¬ gereuse. Alors les vols ave- effraction, les démolitions de maisons, les assassinats en plein jour, le pillage des riches et surtout des Juifs, les faits d’immoralité les plus révoUauts passèrent à l’état d’habitude; on vB des scélé¬ rats masqués circuler pendant la nuit, d’abord isolément, bientôt en troupes nombreuses; les plaisanteries crimi¬ nelles, les satires, les lettres de menaces se multiplièrent ; il parut un sonnet satirique contre les autorités, qui s’en irritèrent plus encore que de l’état moral que révélaient de pareils excès. Dans beaucoup d’églises le tabernacle fut volé avec les hosties qu’il contenait, ce qui donne ■ne couleur partiejlière à la perversité générale. En présence de pareils faits, il est impossible de dire ce qui arriverait même de nos jours dans n’importe quel pays du monde, si le gouvernement et la police restaient inactifs, tout en empêchant par leur présence la création d’un régime provisoire ; mais ce qui se passait alors en Italie dans de telles circonstances prend un caractère à part, grâce à la vengeance qui joue un grand rôle dans les violences commises. En général, dans Tltalie de la Renaissance les grands crimes paraissent avoir été, même en temps ordinaire, plus fréquents que dans d’autres pays. Sans doute nous pourrions être induits en erreur par le fait qu’ici les données particulières sont plus abondantes qu’ail¬ leurs, et que la même imagination dont l’influence se fait sentir dans le crime effectif, invente celui qui n’a pas été commis. Peut-être retrouverait-on ailleurs la même somme de violences. H est difficile de dire, par exemple, si la riche et vigoureuse Allemagne de 1500,