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936 MCEÜRS ET RELIGION.

Ainsi prêchaient au quinzième siècle Bernardino da Siena et ses deux élèves, Alberto da Sarteauo et Jacopo della Marca, Giovanni Capistrano, Roberto da Lecce (p. 164 et 165) et d’autres ; enfin Girolamo Savonarole. 11 n’y avait pas de préjugé plus puissant que celui qui s’attaquait aux moines mendiants ; ils en triomphèrent. L’orgueilleui humanisme avait beau les accabler de critiques et de railleries*, ils n’avaient qu’à élever la voix pour le f ire oublier. La chose n’était pas nouvelle, et un peuple moqueur comme les Florentins avait appris dès le quatorzième siècle à faire la caricature des moines qui osaient affronter la chaire*,pourtant, lorsque Savonarole parut, il les entraîna si loin, qu’ils furent sur le point de faire dévorer par le bûcher qu’il alluma les trésors de leur culture et les merveilles d’un art dont ils étaient si fiers. Même la plus odieuse profanation de Téloquence par des moines hypocrites, qui savaient émouvoir à volonté leurs auditeurs en se faisant aider par des compères (comp. p. 227), ne diminua en rien Tinfluencc des vrais orateurs. On continua de rire des moines sans talent qui assaisonnaient leurs sermons de miracles imaginaires et de

  • Voir le PooGG, Dt avaritia, dans les Optra, fol. 2. Il trouve que

leur besogne était facile, ou qu’ils répétaient la même chose dans toutes tes villes et qu’ils laissaient le peuple plus bête qu’avant, elc. Il est vrai que le même auteur {Epltiolœ, ed. Tonelli, vol. I, p. 28i) fait réloge d’Albert de Sarteano comme d’un homme doctus et perhumantis. — Fr. Filelfo (VOir, p. ex., Satyra, II, 3, et VI, 5) fit l’apologie de Bernardin de sienne et d’un certain Nicolas, mais moins par sympathie pour les prédicateurs que par haine contre le Pogge. Filelfo était en correspondance avec A. de Sarteano. Le même auteur fait aussi l’éloge de Robert (da Lecce), mais il lui reproche de n’avoir pas toujours un jeu de physiopomie convenable et de ne pas rencontrer toujours l’expression juste, de paraître triste quand il devrait paraître gai, de trop pleurer et de choquer par là les sentiments de Tauditoire. Filxlpo, Spisiolœ, Venet., 1502, fol. 96b.

  • Franco Sacchetti, nov. 73. Les prédicateurs manqués ftmrnisseot

aux nouvellistes un thème assez riche.