Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/261

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CHAPITRE II. — LA RELIGION DANS LA VIE JOURNALIÈRE. 257 une voix courageuse qui demanda qu’ou vendit au roi d’Espagne le crâne de saint Dominique, et qu’avec le produit de la vente on fondât un établissement d’utilité publique’ Ce sont les Florentins qui sont le plus tièdes à l’endroit des reliques. Entre la résolution de donner un nouveau sarcophage à saint Zanobi, patron de la ville, el la commande définitive faite à Ghiberti, s’écoulent dix-neuf années (1409-1428), et même alors cet artiste n’est chargé qu’accidentellement d’exécuter le projet, parce qu’il avait déjà achevé un travail semblable, mais en petit*. Peut-être était-on légèrement dégoûté des reliques depuis qn’on avait été trompé (1352) par une abbesse peu délicate du pays de Naples, qui avait fait passer pour le bras authentique de la patronne de la cathédrale, sainte Reparata, une mauvaise imitation en bois et en plâtre’. Ou bien devons-nous admettre l’existence d’un sentiment esthétique qui ne veut plus des débris de cadavres, des vêtements et des objets à moitié détruits par le temps ? on bien serait-ce le sentiment moderne de ia gloire, qui aurait mieux aimé offrir une magnifique sépulture aux restes d’un Dante et d’un Pétrarque qu’à ceux des douze apôtres réunis ? Mais peut-être, sans parler de Venise et de Rome, qui constitue une exception unique, ritalie avait-elle depuis longtemps sacrifié le culte des reliques* à l’oubli ; cependant Savonarole dit aussi (Murât., XXIV, col. 1150) de Rome ; Velut ager Aceldama Sanctorum habita est. I Bursellis, Annal. Bonon , dans MüRAT., XXIII, col. 905 C’était un des seize patriciens, Bartol. della Volta, mort en 1485 ou i486.

  • Vasari, III, 111 ss. et note. Vita di Ghiberti.
  • Matteo Villani, III, 15 et 16

»II faudrait en outre distinguer entre le culte rendu en Italie aux reliques de saints des derniers iiècles qui n’ont pas de place dans l’histoire et qui sont peu connus, et l’habitude qu’a le Nord de rechercher et de réunir des restes de corps et de vêtements H. tt