274 MOEURS ET RELIGION. résultat satisfaisant, et dont on demandait alors la solu¬ tion à la sagesse antique de préférence à toute autre : c’était celle de la Providence considérée dans ses rap¬ ports avec la lüierlé de l’homme et la fatalité. Il faudrait écrire un volume, même si ion ne voulait qu’effleurer l’histoire de cette question depuis le quatorzième siècle, jjiüus nous bornerons donc à quelques courtes indi¬ cations. A entendre Dante et ses contemporains, la philosophie antique aurait commencé par former en Italie des épicu¬ riens, c’est-à-dire par y répandre des idées qui faisaient le contraste le plus violent avec le christianisme. Or, on ne possédait plus les écrits d’Épicure, et même l’anli- quiré avait fini par n’avoir plus qu’une idée plus ou moins vague de sa doctrine; quoi qu’il en soit, l'épicu- risme, tel qu’on pouvait l’étudier dans Lucrèce et sur¬ tout dans Cicérou, suffisait pour apprendre à connaître un monde d’oü la Divinité était exclue. Il est difficile de dire jusqu’à quel point on prenait à la lettre la doctrine du philosophe grec, et si le nom de ce sage énigmatique ne devint pas un signe parlant et commode pour la foule ; il est probable que l’inquisition dominicaine s’est servie, elle aussi, du mot d’épicurisme, contre ceux qu’elle ne pouvait attaquer d’aucune autre manière. C’étaient sur¬ tout des ennemis de l’Église qu’il était difficile de cou- vaincre d hérésie; pour provoquer cette accusation, il suf¬ fisait peut-être alors d’avoir uue certaine réputation de viveur. C’est dans ce sens conventionnel que Giovauni Vil¬ lani, par exemple, emploie déjà le mot en question, quand il appelle les incendies qui éclatèrent à Florence en 1115 ^ Giov. Villani, IV, 29, VI, 46. Ce nom apparaît de très-bonne heure dans le Nord; on le trouve déjà en ii50 à propos d'nne his¬ toire terrible (celle des deux prêtres de Nantes) qui s’était passée
