Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

298 MOEURS ET RELIGION.

en GÎïel les Gueifes de Forli ; mais aujourd’hui (écrit le chroniqueur vers 1480), les Guelfes et les Gibelins de celle viile ‘0 :it cuiièrement réconciliés, et l’on n’entend même plus citer les noms des deux partis ». Ce qii’on fait suri out dépendre des étoiles, ce sont les résolutions â prendre en temps de guerre. Le même Booalto procura un grand nombre de victoires à l’illustre chef gibelin Guido de Montefeltro, en lui indiquant d’après les astres le véritable moment d’entrer en c nnpagne

  • ; quand Montefeltro ne l’eut plus auprès de lui*,

il perdit tout courage, n’osa plus soutenir se.s prétentions à la tyrannie et alla s’enfermer dans un couvent de minorités ; on le vit encore longtemps parcourir les campagnes en frère quêteur. Dans la guerre de 1362, dirigée contre Pise, les Florentins se firent indiquer par leur astrologue le moment de sortir de la vi le* ; ils faillirent manquer l’heure propice, parce qu’on fit faire un détour aux soldats. En effet, autrefois on était sorti par la Via di Borgo S. Apostolo, et chaque fois la campagne ’ Dans les horoscopes de la deuxième fondation de Florence (Giov. ViLLANi, III, 1 sous üliarlemagne et de la première fondation de Venise (t. T, p. 79), un ancien souvenir se joint peut-être à la légende poétique de la fin du moyen âge.

  • Sur une de ces victoires, comp. le très-remarquable passage

tiré de l’ouvrage de Bonatto, t. VU, ch. t, reproduit dans la Revw de Steinschneider, XXV, p. 416.

3 Ann. ForoUv., 235-238. — Filippo ViLLANi, Vite — Macchiavelli, Sior. fier., 1.1. — Quand devaient apparaître des constellations favorables aux armes de Montefeltro, Bonatto montait avec son astrolabe et son livre sur 1a tour de San Mercuriale qui dominait la Pîazza, et, dès que le moment venait, il faisaù sonner la grande cloche pour inviter les soldats à se réunir. Pourtant on reconnaît qu’il s’est lourdement trompé parfois ; qu’une fois, par exemple, il a eu le dessous avec un paysan à propos d’une prédiction météorologique, et qu’il n’a su prévoir ni le sort qui attendait Moniefeltro, ni l’époque de sa propre mort, il fut tué par des brigands non loin de Césène, lorsqu’il revenait de Paris et d’universités italiennes où il avait étudié, pour se rendre à Forli.

  • Matleo VuiAiig SI, 3 ; voir plus haut, p. 291, note i.