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344 MŒURS ET RELIGION.

d’actions moralemeat indifférentes, de choses purement imprudentes et inutiles ; mais ce dédain du repentir s’étendra naturellement aussi au domaine moral, parce que sa source est générale, c’est-à-dire qu’il dérive du senliment pubsant de i’individualilé. Le christianisme passif et contemplatif, qui ne sait que faire craindre ou espérer la vie à venir, n’avait plus de pouvoir sur ces hommes Aussi Machiavel ose-t-il arriver à celte conclusiop : c’est qu’une relîgiou pareille est incapable d’étre utile à l’État et à la défense de sa religion Quelle forme devait donc revêtir chez les penseurs le sentiment religieux, qui, malgré tout, subsistait dans toute sa force ? C’est celle du théisme ou du déisme, comme ou voudra. Ce dernier nom peut convenir a la doctrine qui a rejeté l’élément chrétien sans chercher ou sans trouver quelque chose qui puisse le remplacer au point de vue du sentiment. Quant au théisme, nous le trouvons dans cette croyance élevée, positive, à l’Être suprême, que le moyen âge n’avait pas connue. Cette croyance n’exclut pas le christianisme et peut toujours se concilier avec la doctrine chrétienne du péché, de la rédemption et de l’immortalité de l’âme ; mais elle existe aussi dans les esprits sans elle.

Parfois elle s’affirme avec une naïveté enfanline, elle rappelle même des souvenirs â demi païens : Dieu lui apparaît comme l’étre tout-puissant qui exauce les vœux des hommes. AgnoloPandolfiai raconte »comment, après la cérémonie do son mariage, il s’est enfermé avec sa femme et s’est agenouillé à scs côtés devant i’autol domestique orné de l’image de Marie, pour prier, non pasia Madone, mais Dieu, do leur accorder la grâce de jouir pleinement I Disco si, 1. II, cap. II.

^ Bel governo dtlla/amiglia, p. 114