Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/51

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grec et d’esclavon. Une commedia dell‘arte complète ou à peu près était celle d’Ângelo Beolco, surnommé il Ruzzante (1502-1542), qui, en même temps poëte et acteur ; se fit un nom illustre entre tous. Comme poëte, on le plaçait sur la même ligne que Plaute ; comme acteur, on l’égalait à Roscius. Il s’adjoignit plusieurs amis qu’il faisait figurer dans ses pièces comme paysans padouans sous les noms de : Menato, Vezzo, Billora ; il étudiait le dialecte qu’il faisait parler à ses personnages, quand il passait l’été dans la villa de son protecteur Luigi Cornaro (Aloysius Cornélius), à Codevico [1]. Peu à peu l’on vit surgir tous ces types locaux qui se sont en partie conservés et ont encore aujourd’hui le privilège de faire rire l’Italie : Pantalon, le docteur, Brighella, Polichinelle, Arlequin, etc. Presque tous remontent bien plus haut que le seizième siècle ; peut-être même ont-ils quelque rapport avec les masques qui figuraient dans les farces de la Rome antique ; en tout cas le seizième siècle est le premier qui en ait réuni plusieurs dans une seule pièce. De nos jours, cela ne se fait plus guère, mais du moins chaque grande ville reste fidèle à ses masques locaux : Naples a conservé son Polichinelle, Florence son Stenterello, Milan soa Meneking qui est parfois si désopilant [2].

  1. SCARDEONIUS, De urb. Patav. anîiq,, dans CraeviüS, The$., IV, ni, col. 288 SS. C’est aussi un passage important pour les ouvrages écrits dans les différents dialectes. L’un des passages qui nous ont servi est ainsi conçu • ffnîc ad redlandas comœdias socii scenîd et gregales et eemuti fuere nobües juvenes Patadni, âlarcus Atirelius Aîvarotus quem tn comœdÜs suis Menatum appellitabat et Hieronymus Ziinetus queut Vezsant et Caslegnola quem Billoram vodtabat et alii quidam qui sermonem agrestium imitando pree ceteris cailebanl. Je le cite parce que C’est en m’appuyant sur lui que j’ai changé le texte.
  2. Ce dernier existe dès ie quinzième siècle au moins ; c’est ce qu’il est permis de conclure du Diario Ferrarese, qui dit, à propos du 2 février 1501, que il duca Hercole fece una fesla di Menechino