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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/133

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que sa riche musculature semble un artifice d’art. Une force intérieure paraît l’animer. La tête, généralement petite, avec des cheveux courts, se dresse libre et belle sur la nuque ; l’expression est grave et douce et ressemble avec évidence à celle de Mercure.

Au Brccecio Nuovo du Vatican, les figures d’athlètes exposées dans la demi-rotonde, œuvres de qualité moyenne, nous préparent à admirer l’athlète dépouillé de ses vêtements (Apoxyomenos), découvert en 1849 et placé à l’extrémité de la salle [a]. C’est la copie d’un bronze célèbre de Lysippos. Le mouvement des bras, si difficile à bien rendre, et la ligne du corps qui en résulte sont ici des merveilles de l’art. Cette statue est pour nous une pierre milliaire dans l’histoire de l’art ; nous y reconnaissons les caractères évidents de la conception de Lysippos : arrangement réaliste de la chevelure, forme élancée du corps, petite tête.

Les discoboles offraient encore des sujets charmants, soit qu’on les représente penchés au moment où ils lancent le disque, soit debout et se préparant à le lancer ; et toujours leur corps entier exprime ait plus haut degré l’acte qu’ils accomplissent. Le Vatican en possède (Sala della Biga) des exemples très remarquables : un discobole debout, mesurant son but de l’œil et du geste [b] ; on présume qu’il est d’invention attique ; et un autre discobole penché, d’après Myron [c] ; un plus bel exemplaire de ce dernier est au Palais Massimo à Rome [d]. Une reproduction plus médiocre, singulièrement restaurée comme Endymion, se trouve aux Uffizi à Florence, deuxième corridor [e] ; et une autre dans la longue salle du premier étage au Museo Capitation [f] ; la restauration en a fait un guerrier qui tombe et se défend. La statue était, comme l’Apoxyomenos, déjà célèbre dans l’antiquité, et admirée pour sa conception vivante et ses raccourcis d’un art achevé.

Mais les figures d’athlètes debout, au repos, sans aucun signe particulier d’activité, sont de beaucoup les plus nombreuses. Dans leur état de restauration souvent presque complète, et la valeur souvent médiocie de leur exécution (ce sont des figures décoratives), il est nécessaire de se rappeler que l’on n’a peut-être devant soi que des imitations d’après les belles statues d’athlètes élevées par centaines dans le bois d’Olympie. Il se peut, comme nous le verrons, que la statue dite Antirnoüs du Capitole [g] soit un de ces athlètes debout et tranquille. Nommons encore d’autres œuvres de mérite : l’athlète avec un vase d’onguent, au Vatican, Galleria delle Statue [h] ; un autre athlète jeune et svelte, d’après un original grec de valeur, se trouve au Museo Capitolino, dans la grande salle [i] ; celui qui se ceint le front d’une bandelette (Diadumenos), reproduction d’un original célèbre, autrefois au palais Farnèse, est aujourd’hui au British Museum, [j]. Les quatre athlètes qu’on voit dans le premier corridor des Uffizi, à Florence [k], en partie restaurés arbitraitrement, n’ont jamais été beaucoup au-dessus d’un simple travail décoratif, mais peut-être ont-ils été exécutés d’après des originaux de