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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/140

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Comme dans Pallas, l’ovale austère du visage se refuse à toute expression séduisante ; cependant les formes, malgré toute la force qu’elles révèlent, n’excluent jamais la délicatesse féminine. Le vêtement léger et relevé couvre seulement une partie de la poitrine et les hanches jusqu’aux genoux, et il flotte sur le corps en laissant bien voir chaque détail du mouvement. Cela était essentiel, car la nature héroïque ne pouvait être représentée dans la femme, en gardant sa beauté, que par une vigueur énergique et une ardeur d’activité. — On distingue aujourd’hui trois types d’Amazones, dont chacun a souvent été reproduit : 1o l’Amazone blessée, dont l’exemplaire principal est dans la grande salle du Museo Capitolino [a] (il porte le nom de Sosiclès, mais on peut se demander ni ce nom désigne l’artiste) ; on le rattache à un original de Phidias ; 2o l’Amazone fatiguée, qui se repose le bras droit sur la tête ; l’exemplaire principal, restauré arbitrairement, est an Broccio Nuovo [b] ; on l’attribue avec vraisemblance à Polyclète ; 3° l’Amazone qui s’appuie sur sa lance pour bondir en avant (?), type qu’on fait remonter a Strongylion ; l’exemplaire principal, l’Amazone Mattei, est dans la Galleria delle Statue du Vatican [c]. Abstraction faite d’une statue du Capitole (salle du Gladiateur mourant), la statue de serpentin qu’on voit au Musée de Turin [d], et qu’une restauration fâcheuse a changée en Diane, semble être une reproduction de cette œuvre. Une intéressante petite copie en bronze de l’Amazone attribuée à Polyclète se trouve aux Uffizi (Bronzes, salle 2, vitrine 2 ; le bras est restauré) [e].

Dans la célèbre statuette du Musée de Naples (2e salle des bronzes). qui nous montre une Amazone casque en tête et combattant à cheval [f], le type est à peine reconnaissable.

Une Amazone d’une conception plus grande, qui semble se cramponner à son cheval qui la traîne, se trouve dans la cour du Palais Borghese [g].


La figure d’Apollon, telle que nous la connaissons par les statues de la belle époque et par leurs imitations, est le mélange de conceptions mythiques très diverses et de l’intention artistique bien arrêtée de faire une création idéale. Apollon est un dieu qui combat, qui anéantit les monstres et les hommes arrogants ; il est en même temps le dieu de toute bénédiction et de toute harmonie dont le symbole et l’auxiliaire sont la musique et la poésie. Comme il participe à la plus haute sagesse, il a aussi entre tous le don de prophétie qu’il manifeste par des oracles. L’art achevé ne pouvant pas représenter isolément tous ces traits caractéristiques, créa, comme emblème commun de tout ordre et de toute félicité, une figure qui symbolisait la beauté idéale, qui rassemblait, peut-on dire, toutes les qualités de la beauté juvénile telle que les Grecs la comprenaient. La cithare, la lyre, l’arc et le carquois sont les seuls attributs du dieu ; le véritable trait distinctif d’Apollon est une forme