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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/201

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la draperie était remontée sur la tête. (Bons modèles : de la première manière : Claude et principalement le Titus du Braccio Nuovo du Vatican [a] ; le Nerva, au même endroit ; l’Auguste, dans le vestibule intérieur des Uffizi de Florence [b], avec une tête ajoutée ; l’Adrien du même endroit est moins bon ; — de la dernière manière : le Génie d’Auguste, dans la Sala rotonda du Vatican [c] ; le Caligula, dans la salle principale de la Villa Borghese [d].)

Aux figures vraiment historiques appartient encore la seule statue équestre[1] de ce genre restée intacte ; celle de Marc-Aurèle, sur la place entourée par les palais du Capitole [e], admirablement conçue avec une draperie et des gestes pleins de noblesse (faisant grâce à des prisonniers qui demandent à être épargnés) ; seul le cheval informe (peut-être le portrait du cheval de guerre de l’empereur) gâte cette œuvre. (Le piédestal, une œuvre maîtresse par les proportions propres à assurer l’effet de la statue, est attribué à Michel-Ange. Comparer la tête avec la tête colossale en bronze, bonne aussi, dans la salle principale de la Villa Ludovisi [f].) — La tête de marbre gigantesque qui se trouve dans la cour du Palais des Conservateurs [g] donne peut-être une idée de la statue équestre de Domitien chantée par Stace, et peut nous intéresser encore maintenant comme type de perspective pour les œuvres colossales qui doivent être vues de loin. (Une autre tête d’imperator non moins gigantesque se trouve au Giardino della Pigna du Vatican [h].)

À côté de ces portraits dans le sens rigoureux du mot, l’art, tant qu’il fut encore vivant, essaya d’exprimer chez les empereurs une manière d’être plus élevée, une puissance surhumaine. Peut-être s’attacha-t-il aux sujets que les artistes de la cour des Diadoches avaient traités ; peut-être créa-t-il les siens avec ses propres ressources.

Il créa des figures assises sur un trône, au torse nu et idéalisé, dont l’inclinaison en avant aide à donner à la tête une position majestueuse et absolument dégagée. L’un des bras est appuyé sur un sceptre élevé, qui évidemment est rarement restauré avec justesse. La draperie n’apparaît que comme un bourrelet sur l’épaule gauche, puis glisse par derrière et, revenant en avant sur la droite, recouvre les genoux de plis épais. Un beau torse de statue de Jupiter ou d’imperator au Musée Biscari à Catane [i]. Un fragment au Musée de Naples [j] (cour devant la salle du Taureau Farnèse) montre que les pieds de ces statues pour la plupart en ruine[2], furent calculés pour être placés sur une base élevée ; ils reposent sur un tabouret étroit placé obliquement.

  1. Outre un fragment, moins bien exécuté, d’un Néron placé dans les grands bronzes du Musée de Naples [k].
  2. Elles furent, comme beaucoup d’œuvres colossales, composées de plusieurs morceaux qui plus tard s’émiettèrent par suite de l’abandon où on les laissa, sans même qu’il y eût destruction intentionnelle.