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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/202

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Les plus beaux exemplaires de ce genre sont, malgré leur mutilation, les princes de la maison d’Auguste, connus sous le nom de « Statues d’empereurs de Cervetri », au Musée du Palais de Latran [a]. La figure de Claudius, principalement, montre que l’art romain était capable, sur ce terrain, de faire des choses plus grandes qu’on ne lui en prête d’ordinaire. — En partie d’une grande valeur aussi : la première et particulièrement la seconde statue assise de Tibère au Musée Chiaramonti [b] ; le Nerva (?) dans la Sala rotonda du Vatican [c] ; le dernier très restauré, mais surtout d’un motif de draperie superbe ; — les deux avec des têtes modernes (modelées tout à fait arbitrairement) au Musée de naples [d] (3e corridor), etc. Quelques têtes d’empereurs disséminées dans les collections romaines et autres prouvent, plus encore par l’élévation particulière de l’exécution que par leur grandeur, qu’elles appartenaient à des sculptures demi-idéales de ce genre.

Enfin, les empereurs furent représentés comme des héros ou comme des dieux, presque ou même tout à fait nus, et debout ; les mains sont si rarement anciennes, que nous ne pouvons avoir aucune certitude si leur attitude dominatrice est authentique ou s’il faut en attribuer le mérite à la restauration : c’est-à-dire, la main droite levée comme pendant un discours, ou tenant un globe ; la gauche saisit le glaive, ou un repli de la draperie. La statue de ce genre qui a le plus de valeur est le célèbre et colossal Pompée au Palais Spada à Rome [e], probablement la même image que celle aux pieds de laquelle tomba César assassiné. Nous le plaçons ici parce qu’il est figuré en héros ou demi dieu, bien qu’il ne fût pas un empereur[1]. Ce qui suit est en grande partie du second ordre, ou bien plus sensiblement modifié, par le changement de tête, que les statues cuirassées. Au meilleur groupe appartiennent quelques statues de L. Verus, au Broccio Nuovo du Vatican [f], dans le 1er corridor du Musée de Naples [g] et en d’autres endroits, abstraction faite des traits désagréables. Des grands bronzes de ce genre au Musée de Naples [h] (3e salle des Bronzes), aucun ne s’élève au-dessus de la moyenne, pas même Germanicus ; dans les marbres du 1er corridor, plusieurs statues, outre Vérus, sont d’une exécution médiocre ; mais le colossal Alexandre Sévère [i] (dans le vestibule inférieur) est déjà inerte. Très intéressante est la statue d’un jeune prince du même type, au Musée Chiaramonti au Vatican [j]. — Des enfants impériaux nus, moins bons : la statue de bronze dans la galerie de la Villa Borghese [k] ; le prince dans le corridor de communication des Uffizi à Florence [l]. — En général,

  1. La statue colossale de M. Agrippa est à mentionner ici également ; elle se trouve à Venise dans la cour du Palais Grimani [m], non loin de S. Maria Formosa. Elle est traitée au seul point de vue de la décoration, mais c’est un modèle grandiose d’interprétation héroïque idéale et cependant fidèle à la nature. Le parties restaurées sautent aux yeux ; ce sont d’anciens fragments qui ont été ajustés plus tard : le torse, la base (le ciste) et peut-être aussi le dauphin qui désigne le héros de la mer.