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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/207

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de quelques empereurs (voy. pages 149 et suivantes). Nous recommandons d’abord le Togatus (de la tombe des Servilius) à l’entrée du Musée Chiaramonti [a], et le beau vieillard sacrificateur dans la Sala della Biga du Vatican [b] (comp. page 64, A).

Quels que soient le costume ou la draperie, il y a un fait certain, c’est que les meilleurs sculpteurs romains rendent le caractère et les traits du sujet sans aucun ménagement, mais avec un sentiment de vie élevé.

Sans doute la jouissance de ces œuvres n’est pas facilement accessible à chacun. Dans les grandes collections italiennes, la plupart du temps, les bustes sont ou bien si serrés et si mélangés, ou dispersés et invisibles entre les statues, que rarement un spectateur se hasarde à leur accorder l’attention qu’ils méritent. Des têtes de dieux et de déesses, de philosophes et de poètes grecs, d’empereurs romains et de particuliers, formant ensemble un total de quelques milliers, quel œil entreprendrait de mesurer toute cette armée et de distinguer, par comparaison, le meilleur et le bon du médiocre ? dans quelle mémoire tout cela pourrait-il se graver ? — Quant aux controverses pour les dénominations, qui menacent continuellement ce domaine (comme nous l’avons remarqué), celui qui n’est pas archéologue fera bien de s’en abstenir complètement, s’il ne veut pas y perdre son temps et son plaisir.

Il ne lui reste autre chose à faire, s’il est bien disposé, qu’à examiner à loisir ces têtes séparément et à les classer d’après leur expression intellectuelle et l’art du sculpteur. Vues isolées, les meilleures gagnent extraordinairement. Dans la salle du trône au Palais Corsini à Rome [c] se trouve, sur un pilier, la tête d’un Romain, que peu de personnes ramarqueraient au milieu du Vatican, mais qui là, par sa noble individualité et son expression de douleur, attire tous les regards. On peut se persuader, par un tel exemple, combien autre part des choses frappantes échappent à l’œil, p. ex. dans le long Musée Chiaramonti [d], dans la salle des Bustes et dans la Galleria geografica du Vatican [e], dans la salle du Vase du Musée Capitolia [f], où les « Incogniti » sont ensemble ; dans la plupart des salles de la Villa Albani [g], si riche en bustes ; dans les diverses divisions du Musée de Naples [h], dans la salle des Inscriptions et dans la salle de l’Hermaphrodite des Uffizi à Florence [i], dans la cour du Palais Riccardi à Florence [j], et ailleurs.

C’est donc notre tâche d’appeler l’attention du lecteur sur un choix des pièces les plus remarquables parmi les têtes de Romains la plupart anonymes ou pseudonymes. Nous prendrons pour règle non pas tant la valeur artistique que l’intérêt des physionomies, incertain si le lecteur nous suivra volontiers dans cette voie.

Au Vatican : Braccio Nuovo ; la soi-disant tête de Sylla [k] ; —Musée Chiaramonti : le soi-disant Marius [l], image remarquable d’un vieillard tant soit peu bilieux ; — un Cicéron [m] authentique, no 423 et