Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

no 698 ; — et le soi-disant Ahenobarbus [a] d’une expression prudente et fine ; salle des Bustes : quelques têtes de femmes. — Au Musée Capitolin, première salle : un homme âgé (regardé aujourd’hui comme un Adrien [b], placé sur un autel d’Hercule), merveilleusement vrai dans son expression équivoque de dépit ; — salle du Gladiateur mourant : la meilleure tête de Marcus Brutus [c], meurtrier de César, d’une expression désagréable quoique non dénuée d’intelligence ; salle du Faune : le soi-disant Cethegus [d], un Romain de la décadence encore jeune, un élégant usé ; — salle des Philosophes (ici on est bien obligé de s’abstenir de la plupart des baptêmes de noms romains et de se contenter uniquement de l’expression intellectuelle) : une tête idéale, baptisée du nom de Virgile, est probablement une image divine ; un vieillard chauve, délicat, rébarbatif, est désigné comme un Caton [e] ; une tête mélancolique, résignée et dont il existe de nombreux exemplaires ( « squalidus »), les cheveux sur le front, est baptisée partout Sénèque [f], mais c’est certainement un poète grec ; le Cicéron [g] dont la désignation paraît exacte, est un haut fonctionnaire respectable, aux traits purs et bienveillants ; le Pompée [h], un jeune seigneur passionné, très aristocratique, dont le lecteur aura déjà rencontré fréquemment le type, etc.[1]. Au milieu de cette foule bigarrée, s’est égarée une tête tout à fait belle, (no 59), aux cheveux abondants et au regard pénétrant, qui a quelque légère affinité avec le type barbare ; si quelqu’un veut y reconnaître le Gcrmain Arminius, un ami de l’art antique, que je n’ose nommer ici, n’aurait rien à y objecter. — Dans le Nouveau Musée Capitolin (Palais des Conservateurs), 6e salle, le prétendu buste en bronze de L. Junius Brutus [i], l’ancien, est une tête de Romain extrêmement caractéristique.

Au Musée de Naples, grands bronzes, 3e salle des Bronzes : bel exemplaire du soi-disant Sénèque [j], déjà signalé ; Lépide [k] (de désignation incertaine, mais plein de vie individuelle) ; 4e salle : Scipion l’Africain, l’ancien [l], reconnaissable à son beau crâne absolument nu et coupé par sa balafre ; il est dans toutes les collections, quelquefois en plusieurs exemplaires ; le meilleur de beaucoup, qui se distingue considérablement des autres, est au collège des Jésuites à Naples [m] : c’est la véritable image primitive d’un ancien Romain ; — œuvres en marbre, 2e corridor : les statues équestres des Balbus père et fils [n], très importantes comme têtes ; en dehors de cela, les seules statues de consuls à cheval bien conservées, remarquables par l’extraordinaire simplicité typique de la composition, à laquelle se joint une certaine sobriété ; les autres statues de la famille Balbus [o], d’Herculanum, médiocrement drapées, mais très distinguées par la tête, surtout la mère, dont les traits intelligents, tranquilles, très significatifs, trahissent encore une sensualité passée ; le

  1. Braun (p. 170 et suiv.) reconnaît, entre autres Eschyle (no 82) [p], Marcus Agrippa no 16) [q] Térence (no 76) [r], Corbulo (no 48) [s], comme bien nommés ; mais il regarde (d’après Visconti) le Cicéron (no 75) plutôt comme un Asinius Pollio.