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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/214

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lent, mais trop endommagé celui du Vatican (Sala degli Animali) [a] est une faible imitation ; les autres lions de cette salle n'ont pas plus d'importance. — Un grand et intéressant groupe de deux lions attaquant un taureau, à l'hôtel de ville de Marsala [b], est une œuvre grecque provenant de Motye. — Les deux grands lions de granit du Musée égyptien du Vatican [c] sont supérieurs du moins aux images au repos de ce genre par la gravité puissante et par l'exécution grandiose. Ces caractères ne sont possibles que là où la vie momentanée de l'animal est sacrifiée, et là où sa signification comme symbole d'une force de la nature divinisée est accentuée, comme dans l'Égypte antique. — Des têtes de lions en bouches de fontaines servant à l'architecture sont fréquentes ; un bel exemplaire (pièce de frise) de travail grec, venant d'Himère est au Musée de Palerme [d].

En fait de chiens, c'est la grande et solide race des molosses qui a été représentée de préférence. Comme imitation d'un ouvrage de ce genre, nous en trouvons deux excellents à l'entrée de la Sala degli Animali, au Vatican [e], et deux autres dans le vestibule intérieur des Uffizi [f] ; ils ne sont pas également bien traités, mais ils ont une expression grandiose. (Ils n'ont pas été travaillés comme pendants, ce que prouve leur tournure presque identique.) Ailleurs les lévriers ont le plus souvent le privilège d'être représentés d'une manière plastique. Très beau et naïf (dans la Sala degli Animali) [g] est le groupe de deux lévriers dont l'un mord, en jouant, l'oreille de l'autre. Ailleurs (et aussi à Naples [h]), il en existe un qui se gratte derrière l'oreille.

La Louve du Capitole, bien connue (Nouveau Musée du Capitole [i], 6, 7), datant, à ce qu'on dit, de l'année 458 de Rome, est ordinairement considérée comme une œuvre étrusque. Les poils sont héraldiques, le corps passablement atone, les jambes solides et anguleuses. On ne trouve ni dans l'art étrusque, ni dans l'art gréco-romain, des exemplaires ayant une analogie certaine avec cette manière de traiter et de styler le sujet, tandis qu'il existe entre une série d'œuvres du moyen âge, telles que le lion de Brunswick, différentes louves à Sienne, les animaux supportant la chaire des Maîtres de Pise et d'autres, une parenté si frappante, que la supposition de l'origine de la louve remontant au moyen âge devient très probable, d'autant plus que les preuves de son existence ne remontent pas très loin dans le moyen âge. (Les deux jeunes hommes sont indubitablement des additions du xve siècle.)

La Chimère d’Arezzo, aux Uffizi [j] (Museo etrusco), avec inscription étrusque, est bondissante et pleine de vie, Les poils sont en touffes symétriquement hérissées : c'est un travail étrusque authentique. Particulièrement remarquable est le sanglier florentin (Uffizi [k], vestibule intérieur) ; il se dresse majestueusement ; ses soies sont réunies en touffes qui collent les unes aux autres, à cause de la sueur et de l’humidité de son gîte ; elles donnent, surtout à la poitrine, une expression ma-