Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grâce à une soigneuse préparation, peuvent braver les siècles. Ce qui est à remmener, c’est la ténuité extrême, et par suite la cuisson égale de la brique ; c’est aussi le raccord de plusieurs plaques pour former les ornements. Il n’y a de parfaitement conservé que le Temple dit de Bacchus [a], élevé à une époque avancée de l’empire (aujourd’hui l’égtise S. Urbano, au-dessus de la vallée d’Égérie). Il possède encore sa façade tout entière avec colonnes et pilastres, son rez-de-chaussée avec des restes de tombeaux et son étage supérieur avec la voûte de plein cintre ornée de caissons ; mais aussi le goût est blessé par la lourde corniche qui n’excitait pas la rapacité comme le marbre des portiques disparus, et réunit l’entablement et le fronton de brique. — Sur les tombeaux de la Via Latina [b], dont la disposition est intéressante et qui ont un vestibule et un caveau surélevé, voir plus haut, page 13, h. — Une fantaisie comme le Tombeau du boulanger Eurysace [a], à la Porta Maggiore, montre, avec la pyramide de Cestius, que la déraison dans l’architecture d’un tombeau n’est pas exclusivement le fait d’une époque plus récente. On peut comparer le relief d’une chapelle funéraire conservé à Latran, salle 10.

Tout bien considéré, ces tombeaux en forme de chapelle seraient ce qu’on pouvait faire de mieux en ce genre. C’est la sépulture d’une communauté : ils renferment, selon la belle coutume de l’antiquité, des niches pour les urnes cinéraires de familles entières et aussi pour celles de leurs affranchis, toutes réunies dans un espace relativement très étroit. Dans le nouveau Campo Santo de Naples [d] et ailleurs, on s’est emparé de ce modèle, et des caveaux de famille ainsi que des chapelles funéraires, pour les membres des confréries, ont été élevés en forme de petits temples. Bien que cette imitation de l’antiquité soit généralement très superficielle, ce Campo Santo est aujourd’hui le plus beau cimetière du monde, même abstraction faite de sa situation. D’autres cimetières, dont la valeur monumentale consiste dans les magnifiques tombeaux particuliers, ne produiront jamais un tel effet. Et combien plus grand serait-il encore, si l’on s’était attaché aux seules formes grecques au lieu de mêler au style classique affaibli des formes gothiques incomprises !

Sans aucun ornement, aujourd’hui du moins, apparaissent quelques columbaria, chambres souterraines qui contiennent parfois un nombre extraordinaire de niches pour les urnes cinéraires : on en trouve jusqu’à 150. Tel est le columbarium élevé pour la domesticité de la maison d’Auguste sur la voie Appia, Vigna Codini [e], en deçà de la porte de S. Sebastiano, et celui de la Villa Pamfili. Près S. Giovanni à Porta Latina (Vigna Sassi), on en voit un petit, appelé Tombeau des affranchis d’Octavie [f] ; d’autres se trouvent à Ostie. Tous sont intéressants par leur décoration en stuc et leurs peintures.

Enfin, la voie des tombeaux à Pompéi [g] nous offre une collection entière des diverses formes de tombeaux : chapelles, autels, sièges de pierre semi-circulaires), etc. La décoration moderne, embarrassée pour don-