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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/76

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ceux de l’antique Italie avec leurs tumulus coniques, devenus aujourd’hui presque tous informes[1], ou leurs grottes de pierre et leurs voûtes, pour nous tourner vers les œuvres d’un art consommé et librement développé

Cet art consacra d’abord la forme circulaire aux tombeaux des grands de cette terre et leur donna le caractère d’un édifice monumental de style grec. Tel est le Tombeau de Cecilia Metella [a], sur la voie Appia, devant Rome, édifice circulaire, fortement construit sur une base quadrangulaire, avec la belle frise si célèbre, ornée de guirlandes de fruits et de crânes de taureau ; à l’intérieur, la voûte est conique. Celui de Munatius Plancus à Gaëte [b] et celui des Plautiens à Tivoli [c] sont pareils. — Les tombeaux qu’Auguste et Adrien firent élever pour eux et leurs familles étaient bien plus somptueux encore. Mais à vrai dire, sous leur forme actuelle, — Mausolée d’Auguste, via de’ Pontifici, et Château Saint-Ange [d], — on ne retrouve guère les étages en terrasse d’autrefois, entourés de portiques et d’allées d’arbres qui s’élevaient jusqu’à la coupole. Le Mausolée circulaire de l’impératrice Hélène [e], aujourd’hui Tor’ Pignattara, devant la Porta Maggiore, mérite dans son état présent d’être visité, mais seulement par les antiquaires. Un grand monument circulaire, près d’un autre en forme de tour, s’élève près de Conochia [f], entre l’ancienne Capoue et Caserta.

Une forme de tombeau qui est maintenant unique, mais qui avait autrefois sa pareille dans Rome, c’est la Pyramide de Caïus Cestius [g], près la porte S. Paolo ; caprice d’un riche, inspiré peut-être par les momunents de l’Égypte, alors récemment conquise. On ne devine guère comment la statue colossale du défunt et la colonnade dont les débris subsistent encore étaient en harmonie avec une forme qui s’y prête aussi peu que la pyramide. D’ailleurs, pour les tombeaux de riches paiticuliers, le modèle préféré était une chapelle quadrangulaire avec un portique de quatre colonnes, ou de deux pilastres et de deux colonnes, ou seulement de pilastres et reposant souvent sur une base élevée. L’intérieur se composait soit d’un seul petit caveau avec des niches, soit en outre, et au-dessus, d’une chambre voûtée. Ce modèle est, ou du moins était celui de nombreux tombeaux de la voie Appia, car la destruction n’a épargné le revêtement dé pierre d’aucun d’eux. Les sépulcres appelés Tombeaux d’Assagie, ou de Pompée à Albano [h], celui de Cicéron près deMola di Gaeta [i], et bien d’autres, ont eu le même sort. Quelques tombeaux presque entièrement construits en brique sont dans le meilleur état : par exemple, celui qu’on voit à Tavolato [j] devant la porte S. Giovanni, et celui qu’on appelle à tort Temple du dieu Rediculus [k] sur le chemin de la grotte d’Égérie. C’est qu’ici non seulement les murs, mais aussi les détails d’architecture, d’un sty)e d’ailleurs incorrect, sont de matériaux qui,

  1. Dans le tombeau appelé Tombeau des Horaces et des Curiaces à Albano [l], le revêtement de la base est en partie moderne ; celui des cinq cônes l’est presque entièrement.