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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/80

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mur de la chapelle de style renaissance construite au dehors. Après 1463, la guerre ayant endommagé l’édifice, ce relief fut placé là en souvenir du magnifique monument d’autrefois. — L’Arc d’Auguste à Rimini [a], dont l’ouverture a douze pas de diamètre, et qui fut érigé pour consacrer le souvenir des travaux de viabilité dus à l’empereur, est entre tous remarquable comme un des premiers modèles d’une grande voûte sumontée de petits frontons pour éviter la lourdeur. L’arc de Pola [b], qui date probablement d’Auguste, avait deux colonnes corinthiennes ou deux colonnes engagées de même style et une corniche avec fronton ou attique. L’Arc de Trajan, en marbre, sur le port d’Ancôme [c], est très noble, très élancé, très simple ; on lui a enlevé quelques ornements de bronze et sans doute aussi les sculptures qu’on peut se représenter au sommet de tout arc de triomphe[1]. L’Arc de Trajan à Bénévent (aujourd’hui la Porta aurea) [d] est orné de riches bas-reliefs.

À Rome, les arcs de la république et celui de Tibère, au pied du Capitole, ayant disparu, la série de ces monuments, abstraction faite de l’Arc de Drusus [e], très défiguré et d’une authenticité doutense, commence par le célèbre monument de Titus [f], qui fut modestement et convenablement restauré sous Pie VII. La partie centrale, qui est authentique, a reçu, par une juste appréciation des petites dimensions de l’ensemble, de simples colonnes engagées d’ordre composite, pour lesquelles il n’était pas besoin de piédestaux isolés, mais seulement d’un socle général. L’encadrement de l’arc même, qui est comme d’habitude la moulure de l’architrave, est simple et noble ; la clef de voûte a été sculptée en riche console. À l’intérieur de l’arc, les caissons et les reliefs sont du plus beau caractère ; de même à l’extérieur la corniche principale et de frise richement historiée. (Sur les sculptures de cet arc et des monuments suivants, voir plus bas.) Les surfaces planes qui sont contiguës ou de côté, au-dessus de l’arc même, n’étaient pas ornées de reliefs comme l’Arc, d’ailleurs semblable, de Trajan à Bénévent [g] ; elles sont tout unies et on y a percé deux baies de fenêtre, comme le prouvent d’anciens débris ; le milieu de l’attique porte l’inscription, encore intacte du côté qui regarde le Colisée. Elle était autrefois répétée identiquement sur l’autre côté. Le char impérial, en airain, avec la Victoire et l’attelage à quatre chevaux qui couronne le sommet, complète encore l’impression. Le type plus riche, à trois portes, est représenté d’abord par l’Arc de Septime-Sévère [h]. À la vérité, nous n’avons pas ici le plus ancien modèle, mais il nous donne la première occasion de parler plus en détail d’une forme architecturale particulière aux Romains ; les colonnes en saillie sur des piédestaux auxquels correspond au faîte une partie de l’entablement également saillante ; le dessus offre la place

  1. Un relief qui se trouve dans la salle 10 du palais de Latran est instructif à cet égard.