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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/93

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ment, passait, à ce que l’on croit, devant les nefs latérales et les séparait de la nef du centre. Les colonnes, et le revêtement précieux de ces thermes spécialement, ont été distraits en partie depuis le seizième siècle pour la décoration d’innombrables édifices modernes. Les deux grandes salles situées aux extrémités étaient éclairées, parce qu’une grande partie du bâtiment était à ciel ouvert ; tandis que la salle antérieure, la grande salle du milieu, et sans doute aussi le bâtiment circulaire, recevaient d’en haut la lumière.

Les Thermes de Dioctétien [a], sur le Viminal, étaient encore supérieurs par la masse à ceux de Caracalla ; mais on n’y a résolu, à ce qu’il semble, aucun des grands problèmes d’architecture ; c’est plutôt une répétition de conceptions déjà connues qui se réunissent ici dans un ensemble un peu pénible. Ainsi, parmi les ouvrages extérieurs, se trouvent deux rotondes avec coupoles, dont l’une est assez bien conservée : l’église de S. Bernardo [b] ; la niche de la porte et celle du chœur actuel s’agencent avec la forme circulaire de la construction principale aussi mal qu’au Panthéon, avec lequel cet édifice a d’ailleurs une disposition commune : l’éclairage par en haut. (Les caissons ont la forme octogone et des carrés obliques les séparent.)

Ce qui caractérise surtout l’époque de la décadence, c’est la salle avec coupole qui fait suite à la longue pièce centrale[1]. Bien loin d’avoir la hauteur et les dimensions du bâtiment correspondant qu’on voit aux thermes de Caracalla, cette rotonde nous apparaît comme une réduction mesquine. La pièce du centre elle-même est conservée sous la forme du majestueux transept de S. Maria degli Angeli [c]. Parmi les puissantes colonnes en saillie qui s’y trouvent, huit, comme on sait, restent de la construction primitive ; elles sont en granit et d’un seul bloc. Les pilastres qui les accompagnent deux à deux et l’entablement paraissent anciens, en bien des parties au moins ; la voûte d’arête, une des plus vastes du monde, est parfaitement conservée, à la seule exception des caissons. Les fenêtres supérieures montrent encore leur demi-cercle intact, mais sous une couche de plâtre. Les parties latérales, disposées à l’instar de celles de la pièce centrale aux thermes de Caracalla, et sans doute autrefois séparées de la salle principale par des colonnades, ont été entièrement sacrifiées par la restauration de Vanvitelli, après celle de Michel-Ange qui les avait épargnées et transformées en chapelles. Il n’est pas facile, car le plâtre couvre tout, d’apprécier les détails d’architecture même pour les sept chapiteaux de marbre authentique qui sont en partie corinthiens, en partie d’ordre composite. Voici en tout cas le trait caractéristique : l’entablement et la corniche ont été chargés le plus possible d’ornements luxuriants, tandis que les consoles et leurs niches

  1. C’est-à-dire qui la précède, par rapport à l’entrée actuelle de sorte que cette rotonde est devenue le portique de S. Maria degli Angeli. La façade, aujourd’hui disparue, s’élevait dans la direction du prétoire.