Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

carrées, en raison de leur facture un peu mesquine et relâchée, sont complètement éclipsées par la corniche qui s’avance au-dessus d’elles. Nous ne pouvons décider si le cintre surbaissé qui couronne les deux entrées de la nef a une décoration antique ; le chœur actuel est presque tout moderne. Les autres salles sont dégarnies de tout ornement de pierre, et la plupart sont ruinées.

Ce qu’on montre comme les Thermes de Constantin [a], dans le jardin du palais Colonna, ce sont les restes d’un édifice très élevé, de destination incertaine. Les vrais thermes de Constantin ont disparu au dix-septième siècle pour faire place au palais Rospigliosi.

Les Bains de Baïa [b], s’ils n’ont été bâtis aussi par les empereurs, ont pu être du moins une imitation de ces thermes impériaux. Nous voulons parler de ces ruines colossales que ll’on appelle aujourd’hui temple de Mercure, de Diane et de Venus, et qui étaient manifestement des thermes. Le vaste octogone du temple de Vénus et ce qui reste de sa coupole, a une étroite ressemblance avec le prétendu temple de Minerva Medica.

S. Lorenzo de Milan [c], regardé autrefois comme thermes antiques, est, d’après les recherches de Hübsch, un monument des premiers temps chrétiens, à l’exception du portique qui est ancien.

Les autres villes d’Italie possèdent de nombreuses ruines de thermes qui ne présentent plus de formes suffisamment conservées. De même les nymphées, fontaines ornées de niches et de grottes, subsistent plus dans l’imagination qui les reconstruit que dans des fragments reconnaissables. On regarde, par exemple, comme une de ces nymphées, la grande niche de brique du jardin de S. Croce in Gerusalemme à Rome [d]. Cette hypothèse est plus certaine quant à la Grotte d’Égérie [e], qui captive pour toujours le visiteur, moins par sa niche insignifiante que par le cadre vraiment merveilleux de la végétation et du paysage. Et cette grotte n’est qu’une de toutes celles qui ornaient cette charmante vallée, et ont disparu sans laisser de traces. — Près de la sortie du lac d’Albano [f] subsiste encore un monument carré semblable à une nymphée. — Le gracieux petit temple situé au-dessus de la source du Clitumne (sur la route de Spolète à Foligno alla Vene) [g], n’est aussi qu’une de celles qui dominaient autrefois cette belle pente boisée. Malgré des additions plus récentes et d’un style moins pur (par exemple, les colonnes torses et simulant des écailles, etc.), il est encore de l’époque païenne, et c’est plus tard seulement qu’on l’a orné d’emblèmes chrétiens[1]. L’architecte ne peut guère se poser de question plus instructive que celle-ci : d’où vient que cet édifice produise un effet hors de proportion avec ses dimensions qui sont petites et son style qui n’est rien moins qu’un modèle

  1. Peut-être a-t-il été construit à l’époque chrétienne avec les fragments des sanctuaires environnants ; du moins l’inscription chrétienne paraît contemporaine du reste.