précoce Renaissance. L’église de S. Miniato [a] surtout résume avec tant d’éclat l’art italien qui précède le gothique, — que l’on se sent presque tenté de regretter l’importation du gothique due aux écoles du Nord.
Les monuments florentins, dans leur forme actuelle, datent de la seconde moitié du XIe ou du commencement du XIIe siècle. Le plus intéressant est la cathédrale [b] d’Empoli, la seule qui porte une date (1093) : de la façade a cinq travées il ne s’est conservé que le bas.
Une petite basilique bien conservée est celle des SS. Apostoli [c] à Florence ; les nefs latérales sont voûtées ; des colonnes composites uniformes portent des arcs avec une fine bordure antique, auxquels répondent des pilastres muraux à chapiteaux probablement modernes ; les chapelles passent pour être primitives ; les murs extérieurs ont une direction oblique, motivée peut-etre par l’étroitesse de l’emplacement. Au-dessous du pavé actuel (exhaussé de 22 centimètres), sont enfoncées les vieilles bases attiques des colonnes.
À S. Jaoopo [d], dans le borgo du même nom, il ne s’est conservé qu’un portique à trois arcs avec couronnement ; à la Badia [e] de Fiesole, il n’existe plus qu’une partie incrustée de la façade, partie qui pourrait bien être d’une époque antérieure à la façade précédente ; on remarquera ici l’entablement (architrave, frise et corniche) au-dessus des colonnes murales, à côté d’une incrustation encore assez libre.
S. Miniato al Monte [f] devant la porte du même nom, est presque du même style que la façade de la cathédrale d’Empoli, par conséquent à peu près de la même date ; elle termine brillamment la série de ces eglises. Il est vrai que la gracieuse façade est, surtout dans le changement des couleurs de l’incrustation, d’un goût plus capricieux que le baptistère, mais il s’y trouve des détails antiques de la plus grande délicatesse, par exemple les consoles des corniches du toit. Le rapport entre les deux étages est ici déterminé pour la première fois selon un sentiment purement esthétique, parce qu’il n’y avait pas de colonnes antiques pour dicter les mesures. À l’intérieur se retrouve, sous une forme très ennoblie, cette interruption de la basilique par des piliers et des arcs qui, à S. Prassede [g] à Rome, est encore grossière ; de deux en deux colonnes s’élève un pilier avec quatre demi-colonnes rejointes par des arcs. La toiture, entièrement visible, est du très petit nombre de celles qui ont été bien restaurées dans l’esprit de l’ornementation primitive[1]. Parmi les chapiteaux, les uns, les plus simples, ont été faits exprès pour l’édifice ; les autres, plus riches, sont antiques. La paroi antérieure de la crypte assez élevée et hémicycle de la tribune sont également incrustés ; les colonnes sont faites de blocs de verde de Prato ; dans le chœur un enduit
- ↑ Disons en passant qu’il y a encore une autre toiture analogue d’une époque postérieure à S. Agostino [a] à Lucques.